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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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15 janvier 2015

L'Angélus de Fiorio ?

   Tout d'abord un grand merci à François Mangin-Sintès qui nous a communiqué ce beau cliché du Déjeuner, de format 10 F : 55x46 cm.

Le déjeuner par Serge Fiorio 10 F

    C'est vrai qu'il y a un moment de la journée — zénithal, toujours autour de midi au soleil — où un vaste et haut silence impressionnant se fait ; tout à coup sensible dans l'air au travers de la lumière, partout dans la nature, dans la campagne. Il faudrait être suprasensible pour le percevoir aujourd'hui en ville où il doit pourtant bien encore se manifester. Peut-être dans les parcs et les jardins seulement, les intérieurs, ou réfugié au fin fond des cœurs, peut-être !

Je ne sais plus exactement où j'en ai lu l'une des explications, sous la plume conteuse de René Guénon sans doute : c'est à ce moment-là que le Roi du monde passerait le porche de sa résidence secrète, l'Agartha, pour faire quatre pas parmi nous, ici-bas dans le monde des hommes invités, eux, à stopper net toute activité pour se mettre respectueusement au diapason de l'événement en se recueillant un instant en eux-mêmes, au centre de leur être.

Lanza del Vasto recommandait, lui, quelque chose d'identique à ses disciples des Communautés de l'Arche ; ce qu'il avait coutume d'appeler le rappel. Et toutes et tous - lui y compris bien sûr - y sacrifiaient, eux, par contre, plusieurs fois par jour.

Quoi qu'il en soit, il se trouve que l'esprit des artistes, chambre d'écho hypersensible par nature, répercute parfois ce genre de phénomène et de pratique dans leurs œuvres, les y transcrivent à leur façon toute personnelle : d'où Le Déjeuner que voici. Chardin, par exemple, a peint un moment similaire mais situé à l'intérieur, autour d'une table, et son tableau s'intitule Le Bénédicité, du nom de la prière que les chrétiens récitent avant de commencer leur repas. L'Angélus de Millet et celui, au crayon, de Van-Gogh en sont des parents proches eux aussi.

Dans le langage populaire — celui dont Serge usait le plus souvent — le déjeuner signifie en fait le petit déjeuner en bon français et, au cours de la journée de travail, constitue la première pause.

C'est de ce dernier qu'il me semble s'agir dans Le Déjeuner, ici sans connotation religieuse évidente, n'était la présence tutélaire du haut clocher dominant, tutélaire, peint en contreplongée à la cime du village. 
L'endroit où se tiennent les deux personnages lui aussi est important : une terrasse de plein air, palier, plateforme, lieu stable et horizontal, plancher des vaches, en premier plan de tant de verticales ! Le vêtement blanc que porte le jeune apprenti maçon est, lui, un doux rappel, à cette heure toute spéciale, de quelque chose de pur, de vierge, d'intact, retentissant en triangle dans la toile par le blanc, aussi, du torchon et celui de l'assiette.

Cette sacrée toile de Serge est pleine à ras-bord d'une spiritualité certaine, subtile et saine, contagieusement émouvante ; tant et si bien qu'en douceur elle nous en nourrit l'âme.

Serge et Aldo Chantier

Sur cette photo extraite du Méridional-La France du 1er août 1971, on peut voir Serge en chemise blanche, comme le garçon du tableau, en compagnie de son frère Aldo qui est, lui, en train de maçonner la terrasse de plein air de La Pégasière, la maison de vacances de Jean Mogin et Lucienne Desnoues — celle-là même que leur avait offert Lucien Jacques à la venvole, mais de grand cœur, au cours d'un repas.

Pour mémoire :
Le Bénédicité par Chardin et L'Angélus, au crayon, par Van Gogh. 

Chardin

Angelus par Van Gogh

Traduction en langue provençale par Marc Dumas : 

Revirado dou teste sus L’Angelus de Serge Fiorio 

   D’en proumiè gramaci à François Mangin-Sintès que nous dounè aquéu bèu clichat dou Dejeuner -  Ft.10

  Es verai que i a de moument de la journada – siegue sèmpre au Miejour – mounte un larg e bèu silenci pertoucant se fai ; tout an’un cop dins l’èr tras la lus, d’empertout dins la naturo e pèr campas. Faudrié èstre encaro mai sensible pèr la percebre en vilo vuei, que pamens déu bèn encaro  se senti, bessai just dins lei pargue o lei jardin, dins l’entime e peréu recata au prefound dei cor.

   Sabe plus gaire segur mounte n’en ai legi uno esplico, souto la plumo countaire sènso douto de Reinié Guenon, es just an’aquel ouro que lou Rei dou mounde passariè lou pourtau de soun oustau secrèt, l’Agartha pèr faire quatre pas demiè nautrei, eiça-bas dins lou mounde deis ome counvida, eli, an leissa subran touto ativeta e de s’endraia amé respèt tre leis evinemen pèr se reculi aro meme au centre de seis èstre.

   Lanza del Vasto, èu, recoumandavo quaucarèn de bèn parié à sei disciple dei Coumunauta de l’Archo, de ço qu’èron acoustuma de nouma « lou rampéu », e siegue toutei  ome e fremo, éu bèn cauprès, segur eli iè sacrificavon, sèmpre, mai d’un cop pèr journado.

    Coume que siegue, se capito que l’esperit deis artisto, ressoun tras que sensible de naturo, retoco de cop que i an aquéu genre de fenoumène e de mestiè dins seis obro, que iè lei trasiaton à soun biais persounau : d’ounte que veici le déjeuner. Chardin, pèr eisèmple, a pinta un moument parié mai dins l’oustau, à l’entour d’uno taulo, e soun tablèu iè dison Le Bénédicité, au noum de la preguiero que lei crestian reciton avant de coumènça sei repas. L’Angelus de Millet e lou de Van-Gogh, au craioun n’en soun , eli tambèn de parent prochi.

  Dins la lengo poupulàri – que Sergi se n’en servié lou mai – le déjeuner aco d’éfèt vau dire le petit déjeuner en franchimand e dins la journado es proumiero pauso.

 Es aquéu darrié que déu èstre l’item dins le déjeuner, eici pas gaire d’esperit religious vertadié, à respèt de la presènci tutelàri dou clouchié seignourejant, pinta d’aut à la sancimo dou vilaje.Lou caire mounte iston lei dous persounage fai pamens mestié : un bescaume, un estanci, un lio bèn clot, un camin dei vaco , un plancher des vaches , au proumiè plan amé toutei aquestei verticalo. Lou vesti blanc qu’a carga lou jouine aprendis es, éu, un dous rampéu, an’aquelo ouro requisto, de quaucarèn d’escrèt, de virginau, de linde, restountissant peréu sus la telo, en causo dóu triangle, de la pato e de la sieto amè touto sa coulour blanco. 

 Aquesto telo sacrado de Sergi, es clafido plen ras en berlo, d’uno esperitualita osco seguro, sutilo e sanido, pertoucanto e coumunicativo, bèn talamen es verai que d’aise e d’aise vèn endrudi l’amo.

 

 

 

 

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