Détails d'un Paysage.

   Comme on peut découvrir que certains œufs de Pâques en contiennent d'autres en nombre et variés en taille, dans la peinture elle aussi féconde de Serge, il y a très souvent des tableaux dans les tableaux !

Particulièrement dans les Paysages, semblables à des puzzles très nourris, très denses sans qu'il n'y paraisse au premier coup d'œil. Mais pour peu que le regard s'y attarde en profondeur, comme on doit le laisser faire, on peut soudain se surprendre « à l'arrêt » dans le coin gauche, le centre, le premier plan...

Un Fiorio peut — parce que les recoupant tous en un seul — en cacher d'autres, que le regard attentif débusque et que le peintre, par contre, a peint comme par surcroît, sans vraiment y croire, ni le savoir expressément ; cette forme de peinture — à la fois en corne d'abondance et en poupées russes, mais non gigognes car le détail n'y est jamais, en rien, une réplique de l'ensemble — étant avant tout intrinsèque à son art.

Il arrive ainsi que dans une même toile, on passe soudain et comme par enchantement d'une œuvre à une autre ! qui heureusement ne se ressemblent en rien : pourtant il ne s'agit pas là pour autant d'un tour de passe-passe de la peinture qui — par les mains du peintre-médium rendues, par le métier, entièrement efficaces à son service — multiplie ainsi les pains dans la corbeille ! Et, à notre plus grand bonheur, nous en nourrit donc ensuite facilement en nous promenant en une même toile d'un département ou d'un pays à l'autre, sous un même et unique ciel !

Oui, combien de tableaux parfois, un tableau en abrite-t-il d'autres, sous-jacents, sans toutefois, précisons-le, que ces derniers soient le moins du monde des mises en abyme ? Ainsi, si le premier regard est certes important, primordial même, pour donner le la devant une toile, en ouvrir la porte principale quand il y en a une, il ne faut cependant pas en rester à ce stade-là, ce qui, dans le cas, reviendrait à ne pas passer le seuil de découvertes délicates, importantes, voire majeures pour la suite du voyge.

Phénomène — plus que visuel — qui prouve une construction solide de la toile en ses plus insoupçonnables profondeurs, sans vides ni faiblesses en ses arcanes, authentifiant par là, en même temps, une peinture fort généreuse, dense, riche et nourricière de nature, jusque dans le détail de sa constitution, justement : en rien sèchement abstraite et encore moins "ostéoporeuse" !

 Photos Dédé.

Ces détails-là, par exemple, font partie d'un même et unique rude Paysage. Cependant, chacun des deux n'en est-il pas un autre par lui-même, à part entière ? D'ailleurs, Serge ne se privait pas, à l'occasion, de puiser sans complexe et sans problème à cette source d'inspiration autarcique, autoféconde, autonome, que constituait pour lui l'une de ses propres toiles, parfois à la matière encore toute fraîche : certaines étaient ainsi réalisées grâce à un effet de zoom et à un cadrage portés sur certains détails qui s'en trouvaient tout simplement peints tels quels à une autre échelle, agrandis, sans plus d'histoire.

Chose — rare et précieuse comme un sceau intérieur — dont la mise en œuvre n'est possible et réalisable que dans un univers hautement organisé en sa trame, en ses lois, en son esprit, donc en totale cohérence avec lui-même et tout autant avec la nature profonde de la personnalité incontournable de son fidèle exécutant.