L'inconnue de la Seine.
Sur le mur de sa chambre à la tête de son lit, en lieu et place, pour certains, du crucifix et du rameau d'olivier ou de buis béni, Serge avait préféré accrocher cette photo du masque mortuaire de celle que l'on nomme invariablement l'Inconnue de la Seine.
Rien de morbide cependant, ni de triste aujourd'hui, même s'il s'agit, certes, d'une jeune fille repêchée morte de la Seine peu avant 1900 mais qui, par la beauté et le mystère émanant de son visage étrangement souriant, devint vite source d'inspiration pour les artistes, surtout les écrivains. Friands de ce genre d'éloquent mystère, les surréalistes — Breton en tête, bien entendu — y furent eux aussi, et on les comprend, pour la plupart très sensibles.
Tout à la fois douce mort, anima, muse, vierge sage, ce visage rasséréné et par là rassérénant, les incarne chacune par sa beauté plastique et son irradiante sérénité venant d'un monde proche, au-delà du nôtre. Il est au carrefour commun à leur nature respective, leur point de croisement, de rencontre, de complémentarité ; pourquoi pas de fusion ?
Plus qu'un puissant symbole, le beau visage de l'Inconnue de la Seine est à la fois acteur et témoin du royaume intérieur, révélateur aussi de la paix de l'âme atteinte, visiblement. Serge en fait donc sans aucun doute pour lui-même une image tutélaire sous laquelle il fait bon s'abandonner complètement et s'endormir sans crainte, en toute confiance, parce qu'opérant une réconciliation subtile, visiblement heureuse, idéale même, avec le monde — bien trop souvent supposé bêtement menaçant — qu'est — cousin, voisin, de celui du sommeil — celui d'outre-tombe.
«Je n'ai pas d'inquiétude métaphysique » disait Serge volontiers ; le sourire de l'Inconnue de la Seine lui ayant sans doute transfusé, endormi, un peu de sa paix souveraine à ajouter à la sienne propre !
Le sourire de La Joconde lui-même ne saurait ... et de loin !... Ce n'est pas celui-là qu'il avait choisi !
Traduction de notre ami Agostino Forte :
Sul muro della sua camera sopra la testata del suo letto, là dove alcuni pongono il crocifisso o un rametto d’olivo o il bosso benedetto, Serge scelse di appendere questa foto della maschera mortuaria di colei che è conosciuta come la Sconosciuta della Senna.
Tutto questo oggi non ha nulla di macabro né di triste anche se qui si tratta di una fanciulla ripescata morta nella Senna poco prima del 1900 la quale, per la bellezza e il mistero che emanano dal suo viso stranamente sorridente, divenne presto fonte di ispirazione per gli artisti, soprattutto scrittori. Amanti di questo genere di misteri carichi di significato i surrealisti – Breton in testa ovviamente – furono essi stessi per la maggior parte (e li si comprende) particolarmente sensibili.
Dolce morte, anima, musa, vergine saggia. Di volta in volta questo viso rasserenato, e perciò rasserenante, le incarna tutte: per la sua plastica bellezza e la sua irradiante serenità scaturita da un mondo prossimo, al di là del nostro. Esso è il comune crocevia alle loro rispettive nature, il loro punto di intersezione, di incontro, di complementarità. E perché non di fusione?
Il bel viso della Sconosciuta della Senna è più di un simbolo potente, esso si rivela interprete e testimone di un regno interiore, rivelatore anche della pace dell’anima evidentemente raggiunta. Serge ne fa senza ombra di dubbio una propria immagine tutelare alla quale abbandonarsi completamente e lasciandosene avvolgere nel sonno senza alcun timore. Immagine che opera una riconciliazione sottile, chiaramente augurale, ideale anche, con il mondo dell’oltretomba il quale, così spesso scioccamente percepito come una minaccia, è il cugino, il vicino, di quel sonno.
«Non ho inquietudini metafisiche » soleva dire Serge. Nel sonno il sorriso della Sconosciuta della Senna gli aveva certamente trasfuso un poco della sua pace sovrana da aggiungere alla sua propria!
Lo stesso sorriso de La Gioconda non saprebbe … e di gran lunga! … ma non era quello che aveva scelto!