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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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4 septembre 2014

Pour les arbres de la citadelle de Forcalquier et une communication ....

Une pétition concernant les arbres de la Citadelle de Forcalquier :  Pétition_SPPEF_04_contre_l_abattage

 

 

Et une communication de notre ami André Fulconis qui vient faire paraître un monumental ouvrage — véritable somme sur la vie haute-provençale jusqu'à la dernière guerre que nous vous recommandons vivement. Il s'agit là, par sa richesse et sa densité, d'un ouvrage sans précédent.

LE LIVRE DE SAINT MARTIN, et de tous les villages

Notre humble et patiente histoire, celle du conscrit et du réfractaire, du notaire et du conseiller, du curé et du maître d’école, du boulanger à four et du maréchal à forge, du courage des hommes et de la vaillance des femmes, tous également manieurs de bêches sur leur coin de terre comme les paysans tenaces et les artisans appliqués, notre endurante et persévérante histoire fait partie de l’Histoire de France et de l’Histoire des hommes et des femmes de tous les pays.

Nos monuments, pour exister,  n’ont pas eu besoin de spoliations d’œuvres et d’accumulation d’impositions, ce sont des lignées, et des terres, et, au milieu d’elles, les exvotos de l’opiniâtreté : les grands clapas de pierres sèches.

Bien sûr au fil des lignes nous reconnaîtrons l’un des nôtres, mais d’autres, sous d’autres cieux, ceux qui savent voir, les reconnaîtraient aussi. Nous reconnaîtrons nos lieux et nos familles, nos noms de terre, nos surnoms, mais à travers vivent la Provence et la France, et ce paysan du soleil blanc et du ciel sec, qui se retrouve ainsi avec ses frères Grecs, Italiens, Catalans ou Kabyles.

Nous n’avons cessé de manger notre pain, nos racines et nos herbes, de boire l’eau de nos sources et de nos puits, et le vin de nos ceps, depuis les premières semences. L’huile, le pain, le vin, ont le même goût et la même couleur, le goût et la couleur du courage et de la liberté.

Nous ne sommes que quelques uns tout au long de l’histoire, mais nous sommes la seule tribu gauloise à secourir les Phocéens que Rome attaque ; dans la grande clarté du Moyen Age le seigneur qui signe notre charte des libertés est une sainte franciscaine ; le roi nous écrit de Versailles, le Parlement d’Aix s’inquiète de nos affaires ; dans la guerre de religion nous prenons partie pour Henri IV le pacificateur ; dans la petite troupe qui monte à pied sur Paris pour détrôner le roi et pour apprendre la Marseillaise à tous ceux qui maintenant sont leurs compatriotes, un jeune d’ici ; tandis que l’un des nôtres danse sur la place de la Mane la farandole des jeunes républicains fêtant la mort du roi, son frère chevauche la nuit dans nos montagnes pour rallier les fidèles au trône ; Bonaparte appelle nos artisans et nos conscrits à aider sa victoire ; celui qui menait à l’assaut du coup d’état de Napoléon III les Montagnards affiliés était ton arrière grand père, et celui-là, qui, maire, sous l’Empire du même, menaçait la « bande de Socialistes » du Cercle, était son fils, et cependant ils cultivaient le même champ, ce même champ où le petit fils abrita la Résistance au nazisme.

Chacun reconnaîtra son village. Les chemins, les sources, les semences, les moissons, les bêtes, les repas, les veillées, les champs, les foires, les danses, le pain et la soupe, les loups, l’orage, la peste et la guerre. Ce village, le village dont nous venons, que l’un des nôtres a quitté un jour de 89 ou de 14, ou bien un jour de deuil ou de courage, à pied, son baluchon sur l’épaule, avec un dernier regard au détour du chemin, et que nous n’avons jamais perdu de vue au fonds de nous mêmes.

Cette communauté, cette famille, cette amitié, ce jardin, cette place, que les chevauchées des nôtres ne leur ont pas fait oublier. Ce temps empli de luttes et d’espoirs, de courage et de paix, où rien n’était anonyme et tout était commun, où il fallait pour vivre s’entendre et s’entraider, quitte à se battre à grands coups d’épaules quand le sang dévorait. Ce temps où rien n’était donné, ni la liberté, ni la paix, ni le pain, le pain sacré comme l’amour ; la paix protégée comme un oiseau tremblant  par les regards et les paroles de connivence ; la liberté gardée ouverte comme les terres par tous les outils et les bras des hommes et des femmes, et parfois, s’il le fallait, par leurs armes. Notre, votre village.

André Pierre Fulconis

Dictionnaire illustré du village de Provence-Saint Martin de Castillon-Luberon la Montagne

 www.fulconis.com

 

 

 

 

 

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