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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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22 août 2014

Un monument aux mots ?

    A force d'en entendre et de m'en trouver souvent émerveillé, j'ai un jour eu envie de recueillir ce qu'on appelle des mots d'enfants, d'en récolter assez pour en faire un recueil sous un titre qui, en pendant, plein d'humour, en donnerait le ton : Les Nouvelles Pensées de Pascal.

Affiche mots d'enfants

Quand je lui parlai de mon projet, Serge — toujours partant pour ce genre d'aventure — en dessina aussitôt l'affiche, cocasse, devant servir à inviter les gens à m'envoyer leur trouvailles pour alimenter et enrichir le contenu de l'ouvrage. Il la punaisa dans son atelier, sur un carton au dos de son chevalet, où elle fut très appréciée et, pour cela, très efficace : de temps en temps, comme moi, il recevait la récolte des uns ou des autres et me la confiait, tout fier : « A ajouter au dossier, chef ! »

Mais d'abord, nous en ouvrions tout de suite l'enveloppe pour, toute fraîche, nous en régaler ensemble, en rire comme des gamins qu'alors, sur-le-champ, nous redevenions. 

Lucienne qui, grand poète, était des plus sensibles aux mots, se transforma elle aussi en boîte aux lettres et en reçu beaucoup. Elle se remémora ceux de ses filles et, totalement satellisée, pour le plaisir, je crois même que, secrètement, elle en inventa de superbes ! Pourquoi pas ! C'est là bon signe, la preuve qu'elle conservait jusque-là, intacte, son âme d'enfant ou alors, pour l'occasion, l'avait en partie redécouverte.

Nous en avions finalement toujours de nouveaux à nous faire entendre, connaître ; tant les généreux correspondants s'étant pris eux aussi au jeu furent nombreux, passionnés et endurants dans leur recherche.

Le dessinateur Cabu, à qui je demandai d'en illustrer, me promit de le faire, par téléphone : effectivement ! quand je voulus qu'il mette vraiment le pied à l'étrier, il me répondit qu'il ne se souvenait plus, que le soir de sa promesse, il devait être, selon ses propres mots, « encore bourré une fois de plus ! » et que de toute façon il avait trop de travail, par dessus la tête. La déception ne fut pas entière car, dès le début de notre entretien téléphonique — je ne sais pourquoi, avais-je senti qu'il était saoul au bout du fil ? — je n'avais pas trop cru à la sincérité de sa parole. Sans doute avait-il eu, sur le coup, tout simplement envie de me faire plaisir ! 

Mais c'est pour d'autres raisons, personnelles et financières, que je ne pus finalement mettre en route l'édition des Nouvelles Pensées de Pascal : l'arrivée à la maison de deux enfants, faux-jumeaux, désormais à nourrir et à élever ! Comme on dit, il me fallait passer à autre chose qu'à recueillir et à jouer avec les mots des enfants des autres ! J'ai toujours la matière première, précieusement conservée, de laquelle j'extrais aujourd'hui cette page alors dûment rédigée en forme de Préambule :

   Que Robert Beauvais, grand recenseur de mots et d'expressions hexagonales se rassure : à l'heure où il est plus distingué d'avoir une protubérance qu'une bosse, de se promouvoir œniculteur plutôt que vigneron, à l'heure où il n'y a plus de bistrot mais des points de chute, où les tendances sont profondes et les forces vives, les enfants j'espère, ne sauveront pas la France mais, un peu paradoxalement peut-être, le français, je veux bien évidemment dire la langue française !

Contre ce syndrome du garde-champêtre, cette fausse instruction faisant choisir entre tous, chaque fois, le terme le plus redondant, il y a la folie douce ou amère du langage enfantin, langage où la poésie est souvent de mise, quand elle n'y est pas reine.

Si, selon Voltaire, « le bon sens a été inventé pour pouvoir pardonner aux imbéciles d'être si nombreux », les mots d'enfants sont là pour prouver que le bon sens lui aussi peut en revanche, tout aussi bien, se faire facilement claquer le beignet en beauté ! (Entre nous soit dit, souvent il le mérite bien !).

Visions de rêve, parfois d'apocalypse, dans ces mots pris de contorsions, de danse de St-Guy, ou de subtiles déformations...saisir les mots au bond, au vol, le jeu paraît simple, enfantin, presque ! Il faut s'y essayer car excellent pour l'oxygénation des neurones ! Sinon, je vous en propose un autre, qui me rendra bien service, voici : en rentrant chez vous, allez directement à la source : dans la rue, n'importe où, écoutez les enfants, les vôtres si vous en avez, ou ceux des autres. Ensuite, aimables comme vous l'êtes, faites-moi parvenir vos récoltes à l'adresse suivante : André Lombard, hameau de St-Laurent, 84750 Viens. Ce me sera un cadeau précieux pour l'élaboration du recueil de ces Nouvelles Pensées de Pascal. A tous merci d'avance pour vos envois ! 

Les poètes— et parmi les plus grands — usent et s'amusent de cette muse aux multiples visages. Instituteur, René Guy Cadou a beaucoup ri et beaucoup pleuré aussi, lisant certains mots de ses jeunes élèves.

Prévert, s'il était encore des nôtres, savourerait la vision « des diacres attelés aux chevaux ». Norge, lui, appréciera* sûrement la refonte de cette vieille histoire de Pincemi et Pincemoi dans un bateau où « ce sont les crevettes qui pincent et l'histoire qui tombe à l'eau ! »

Si les poètes sont souvent de grands enfants ; de leur côté, les enfants sont souvent de grands poètes ! Michaux aurait pu confronter sa Darelette au Rino-féroce du petit Pascal, et certains mots n'ont rien à envier à ceux prononcés au cours de ses sommeils hynotiques par Robert Desnos (Chut ! on dit, cependant, qu'il trichait !).

Je ne crois pas que la vérité sorte forcément, ni fraîchement, de la bouche des enfants, mais la poésie, oui, le plus souvent !

* Norge était encore en vie, à cette époque.

 

Pour la bonne bouche — ou plutôt la bonne oreille — voici, bien sûr, quelques spécimens. 

Le premier, de Serge lui-même :

Qu'est-ce qu'un philosophe ?

C'est un fil attaché à un os !

Celui -là, qui aurait ravi Francis Ponge : Le surcre.

La neige a fondu comme beurre au soleil.

Un télescope d'une précision astronomique.

Une nuit, la petite parisienne se met à pleurer dans son lit ; son père accourt :

Qu'est-ce qu'il y a ?

J'ai mal aux dents !

De quel côté ma chérie ?

Et la petite fille de répondre dans des sanglots de tragédienne : Du côté du boulevard St-Germain !

La Louve de Rome allaitait Romulus et Raimu.

Que c'est long d'être grand !

Raconté par Aimée elle-même :

Tu connais Madame Castain ?

Madame Castain ! ah oui ! celle qui peint avec ses chèvres !

La mer ? c'est de l'eau, en plus grand !

Enchanté de faire votre connaissance ! vous n'avez pas changé !

L'angouasse, je n'arrive pas à m'en dépétrir.

Du fils à retordre.

 

ASSOCIATION CARNOT-CARMES-ST LAZARE 

5 rue Mijeanne,  84000 Avignon.

 

Les 9emes Médiévales des Carmes.

Vendredi 12 septembre 2014.

14h15 Maison Manon conférence d'histoire « La Bataille d'Avignon contre les Sarrasins dans la 1ere moitié du 8eme siècle » par Andrey GRUNIN, historien russe auteur d'une thèse soutenue à l'Université d'Avignon sur les Carolingiens, suivi du

COLLOQUE DE CULTURE PROVENCALE.

« Julie Pellizzone, une marseillaise témoin de son temps » par Hélène ECHINARD, historienne, agrégée d'histoire, et Pierre ECHINARD, docteur en histoire.

« Les Conceptions politiques de Frédéric Mistral pour la Provence à la lumière de son journal L'aïoli, par Odile DELMAS et Jean DIONIS.

 

 

 

 

 

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