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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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17 juillet 2014

Le billet de Gérard Allibert.

 

 

IL FAUT AIMER

 ... la recommandation est de Jean Giono.  Elle date un peu cependant, du début des années 30 plus précisément. À cette époque le jeune écrivain manosquin (35 ans environ) qui a rapidement fait sa place dans le petit monde des lettres (sont déjà parus CollineUn de Baumugnes et Regain, entre autres) est fréquemment hébergé chez ses cousins Fiorio (nous voilà en approche !) à Taninges, en Haute-Savoie ... où il trouve sans doute aussi un peu de calme pour travailler.

Ouvrons ici une parenthèse ... et quelques tiroirs annexes :

À cette époque-là (avant la mystérieuse apparition des lucarnes étranges) la presse écrite est (relativement) en bonne santé ... souvenez-vous du petit crieur qui vendait pour 2 sous La Dépêche des Alpes en bas de votre fenêtre ...

Figurez-vous également (je le rappelle pour ceux qui éventuellement auraient un peu oublié cette mémoire) que les lecteurs d'alors (ce n'était pas encore une espèce en voie de disparition) étaient friands de feuilletons ... qu'on disait parfois populaires.

Les grands titres nationaux ouvraient eux leurs colonnes aux plus grandes plumes ... qui ne les snobaient pas. C'était la belle époque des pré-publications. Des " inédits " parfois ! (ce qui est le cas du petit texte auquel il va être brièvement fait référence ci-après)

L'ami Giono a généreusement usé de ces tribunes à grande diffusion. Il publie alors régulièrement dans Vendredi (et ce dès le numéro 1 !) un des journaux phare du Front Populaire (créé par André Chamson, lequel est secondé dans sa tâche, excusez du peu, par Guéhenno et Guilloux) auquel il offrira, par exemple, de larges extraits des Vraies Richesses ... tout comme dans Marianne (l'ancêtre de l'autre, tiré à 120 000 exemplaires sous la conduite éditoriale d'Emmanuel Berl) où Giono fera paraître (toujours "entre-autres") de très larges extraits de Que ma joie demeure.

Il publie de la même manière dans L'Intransigeant, initialement journal dit "de gauche" (d'où son nom, peut-être ...) mais qui début des années 30 passe de main en main ... à la recherche de son lectorat, dirait-on aujourd'hui.

Texte Giono Intran

Fin de la parenthèse ... et de cette minuscule revue de presse !   :-)

Je ne reviens pas à mes moutons, j'y arrive.  Ou plutôt à cette courte lettre manuscrite découverte un jour ancien chez un libraire du ... Colorado !  Non, pas celui de Rustrel ! L'autre (je jure que je n'invente rien ! je tiens le certificate of authenticity à disposition des incrédules éventuels :-) ) : celui qui fut un jour peuplé par les Apaches et les Cheyennes ... avant d'en être chassés par l'homme blanc (aux mains rouges) ... mais c'est, effectivement, une autre histoire.

Lettre Giono chez Fiorio

Ce que cette missive gionienne faisait là ? (ma trouvaille date donc de pas mal d'années) je me le demande un peu ! (et mon lecteur éventuel avec moi sans doute !) Nous dirons alors que cela fait partie de son charme ...

Quant au discret fil d'Ariane qui la relie à ce blog, il figure en dessous de la signature. Il y est donc signalé qu'elle a été écrite ... à Taninges, d'où Giono indique qu'il est alors hébergé chez E. Fiorio.

Émile (dit Milou pour les intimes) le père de Serge, dont il est le cousin.

On notera dans cette adresse que le clan Fiorio habitait alors ... rue des Arcades. Pour qui (comme moi) aime le mystère de ces dernières, souvent représentées sur les tableaux de Serge (mystérieuses, pour moi, car ce sont des lieux de passage ... du réel à l'imaginaire, éventuellement) peut-être faut-il trouver dans ce nom de rue une indication originelle. En tout cas rien n'interdit d'y songer ...

Il y est donc question d'un texte que Giono intitule à ce moment-là " Des joies nouvelles " ... et qui va alors (ou qui vient de) paraître dans L'Intransigeant du 13 septembre 1932, sous le titre IL FAUT AIMER.

Joies A contrast

Pas facile du coup (je vous l'accorde) à dénicher (faut de la chance, disait l'illustre Kadiiski* :-) ) ... mais d'autant plus agréable dès lors de mettre (pour un temps) ces pauvres feuilles particulièrement périssables (et par ailleurs rarement conservées) à l'abri des outrages ... de ce même temps. Comme le sont (préservées) les arcades sur un tableau de Serge. Où sur un autre un manège avec chevaux Apaches. Voire sur un troisième un Cheyenne de Carnaval. Tout cela dans les rues de Taninges. Évidemment !

Joies B contrast

 Joies 3

Joies 4

Deux liens :

 

NDLR :

 Heureusement que, traduisant pour nous ce billet en italien, notre ami Agostino Forte se posa la question de savoir qui était cet « illustre Kadiisky » auquel fait allusion Gérard Allibert. Ce qui amena Gérard à nous révéler une bien belle et romanesque histoire que voici, de sa plume même :

   « Kadiiski ... c'est surtout, pour moi,  l'inventeur de la fameuse (pour bibliophile averti  :-)  ... et j'avais volontairement laissé cela dans l'ombre à pour curieux éventuel qui serait allé fouiller un peu) "Légende de Novgorode" de Blaise Cendrars.

Une histoire (fausse peut-être) qui m'a toujours ravie !

J'avais un peu évoqué cela dans Sur un livre égaré (à propos de la publication dans les Cahiers du Contadour de Solstice en Laponie de Marc Augier, un autre livre longtemps disparu dont j'ai eu la chance de dénicher un jour un très rare exemplaire. Ce texte était paru dans le bulletin de l'Association des Amis de Lucien Jacques ... le numéro Spécial Contadour) Je t'adapte un peu ci-dessous, pour mieux la comprendre, la note qui y faisait référence.  

Karil Kadiiski, diplomate, écrivain et poète bulgare est surtout (pour moi) le découvreur d'un plus que rarissime exemplaire de La légende de Novgorode (avec un e final, selon le souhait de son auteur Blaise Cendrars).

La découverte de ce livre est, pour le bibliophile, une sorte de quête du Graal qui aboutit !

Et je ne connais personnellement pas de plus belle histoire de papier :

Cendrars a souvent exigé que ce titre (en souvenir d'un amour de jeunesse qui se termina tragiquement) figure en tête de ses bibliographies. Il prétendait (on crut très longtemps à une mystification) que c'était son premier livre, publié en 1907, à St-Pétersbourg, sous son nom de baptême (Frédéric Sauser), en langue cyrillique et …pour corser un peu le tout, tiré à …14 exemplaires !

Evidemment introuvable !

La chute même du mur de Berlin, et l'accès aux fichiers de multiples bibliothèques en Russie ne permirent même pas d'en retrouver l'ombre d'une trace.

Jusqu'à ce que, en 1995, Kiril Kadiiski en invente donc (tel un trésor) un exemplaire dans la boutique obscure d’un brocanteur de …Sofia.

Mieux que Perceval le Gallois dans le château du Roi pêcheur !   :-) 

Le fac-similé de ce livre a été publié par les éditions Fata Morgana (1er tirage, à 1000 exemplaires en 1997. Cette Légende a évidemment été plusieurs fois rééditée depuis.)

(L'authenticité de cette magnifique découverte continue de diviser les experts qui s'affrontent. Sans certitudes véritablement définitives à ce jour ...) »

Puis, Gérard ajoute, dans un autre mail : 

« Dommage que je n'y crois pas ... mais le plus réjouissant serait d'imaginer Cendrars prenant aujourd'hui connaissance de ce procès en sorcellerie fait à Kaddiiski ... car, à l'origine, (et mis à part ce livre retrouvé) ... absolument rien ne permet de valider ses propres déclarations quant à l'existence de ce livre !

Car il s'agit peut-être d'un faux exemplaire d'un livre ... qui n'a jamais existé !

 ... ou seulement dans la tête de Cendrars. 

 MAGNIFIQUE ! »

Là-dessus, ce fut à mon tour de l'interroger sur cette bataille d'experts :

«Tu dis qu'il y a une bataille d'experts. Je ne comprends pas : le livre a été retrouvé physiquement ou pas ?

Si c'est le cas, ces experts se battent pour quoi ?

Excuse, je suis de ceux qui, comme on dit, comprennent vite quand on leur explique longtemps ! »

Ce à quoi, dans un dernier mail, il a répondu :

« Parce qu'il y a des jaloux (je plaisante naturellement) qui prétendraient que le livre Kiril Kaddiisky aurait fait un peu plus que le trouver ... il l'aurait éventuellement un peu ... fabriqué  :)

Au départ, plusieurs mois durant (années peut-être) tout le monde a crié à la merveille ! A commencer par la fille de Cendrars. Ainsi que  l'éditeur (Fata Morgana) dont le 1er tirage, souscription réservée à ses meilleurs clients, a été clos en quelques jours !

Puis l'affaire s'est donc corsée (comme ils disent au FLNC canal préhistorique) Pour des connaisseurs-experts  de l'œuvre de Cendrars, et de la Russie tsariste, il y aurait des éléments qui ne colleraient pas avec la réalité de l'époque (par exemple le nom d'un hôtel de Novgorod, si je me souviens bien ... qui d'après ceux-là, n'aurait pris ce nom que des années après le passage de Cendrars ... lequel n'aurait donc pas pu le nommer ainsi dans son texte ! Doute aussi sur l'adresse indiquée  de l'imprimeur ...)

Face à ces divers questionnements, Kadiiski protesta de plus belle de sa totale probité.

On procéda alors à l'analyse scientifique du papier ... laquelle se révéla parfaitement conforme.

On envisageait de faire de même avec l'encre d'imprimerie ... lorsque le livre, passé en vente publique - et vendu à prix d'or - fut ainsi retiré de la curiosité des amateurs éclairés !

Cependant nouvelle offensive des incrédules. Un caractère d'imprimerie cyrillique poserait  également problème sur les clichés faits de l'exemplaire trouvé en 1995. Là encore, l'anachronisme concernant ce caractère nouveau (à l'époque de Cendrars) ne put être établi avec certitude.

Si Kaddiiski était un faussaire ... c'était un faussaire de génie !

...

Mon avis personnel ? Je vais (une fois encore) m'aider de Giono pour te le donner :

On trouve au début d'Un Roi sans divertissement une courte phrase du narrateur (critiquant Sazerat, l'historien local) qui dit  à propos de la version du susdit (je cite de -mauvaise- mémoire) :

«... mais c'est un historien. Je crois que la réalité est plus belle »

J'aime croire à cette réalité plus belle.

Celle de l'écrivain. Celle du peintre.

... Celle du faussaire génial, éventuellement.

Qui ne nous fait (éventuellement ... le plaisir du doute, c'est que ça fonctionne dans les deux sens !) pas prendre des vessies pour des lanternes ... mais qui nous montre les lanternes dans toute leur beauté (Plus belle que l'historien - matérialiste - ne les analyse).

Y compris celle que l'on n'aurait été pas fichu de percevoir tout seul ... sans leur petit coup de pouce. 

Ou de pinceau ! »

 

                                                         

Traduction de notre ami Agostino Forte :

 

BISOGNA AMARE

 Per quanto un po’ datata, più precisamente agli inizi degli anni ’30, è la raccomandazione di Jean Giono. A quell’epoca il giovane scrittore manoschino (aveva circa 35 anni) si è rapidamente ritagliato un posto nel piccolo mondo delle lettere (erano già apparsi, tra l’altro, CollineUn de Baumugnes e Regain) e viene spesso ospitato dai suoi cugini Fiorio (e qui ci stiamo avvicinando all’argomento) a Taninges, in Alta Savoia … dove trova senza alcun dubbio  la quiete necessaria al suo lavoro. Apriamo qui una parentesi … e gli annessi cassettini: in quegli anni (prima della misteriosa apparizione della televisione) la carta stampata è (relativamente) in buona salute … vi ricordate dello strillone che per 2 soldi vi vendeva La Dépêche des Alpes sotto casa …

Tenete altresì conto (lo ricordo per coloro che non l’avessero più tenuto a mente) che i lettori di allora (che non era ancora una specie in via d’estinzione) erano ghiotti di romanzi a puntate … popolari, come si diceva a volte.

Le grandi testate nazionali aprivano le loro colonne alle firme più famose … che non disdegnavano la cosa. Fu il periodo felice delle anteprime. Talvolta degli inediti ! (come è il caso delcorto testo del quale si darà conto qui di seguito).

L’amico Giono ha generosamente approfittato di queste tribune a larga diffusione. Si trova così a collaborare regolarmente con Vendredi (e fin dal primo numero) uno dei giornali di punta del Front Populaire (creato da André Chamson il quale è affiancato – scusate se è poco – da Guehenno e Guilloux) al quale  offrirà tra l’altro ampi estratti di Vraies Richesses. Lo stesso discorso vale per Marianne (predecessore del Vendredi; sotto la direzione editoriale di Emmanuel Berl avrà una tiratura di 120.000 copie) dove Giono pubblicherà tra le altre cose lunghi estratti da Que ma joie demeure.

Allo stesso modo scrive su L’Intransigeant, inizialmente un giornale considerato ‘di sinistra’ (forse a causa del suo nome), che dagli inizi degli anni ’30 passa di mano in mano … alla ricerca di un suo pubblico, come si direbbe oggi.

Fine della parentesi … e di questa piccola rassegna stampa !

Ma, per non divagare troppo, ritorniamo al nostro soggetto. O meglio, a questa corta lettera manoscritta che un bel giorno trovai, pensate un po’!,  presso un libraio del Colorado. Non quello di Rustrel ma quell’altro (state certi che non mi sto inventando nulla e a disposizione degli increduli posso esibire un certificate of authenticity), per intenderci, che fu il luogo abitato dagli Apache e dai Cheyenne prima di essere scacciati dall’uomo bianco (dalle mani rosse) … ma questa però è un’altra storia.

Cosa ci facesse lì questa lettera di Giono (la mia scoperta data di un discreto numero di anni) è una domanda che ancora torna alla mia attenzione (e senz’altro, oltre alla mia, anche a quella dell’eventuale lettore!). Diremo allora che questo è parte del suo fascino …

Quanto al sotterraneo filo di Arianna che la lega a questo blog è da individuarsi là, sotto la firma, dove è segnalato che la lettera è stata scritta … a Taninges e dove Giono indica il domicilio presso É. Fiorio. Émile (chiamato Milou dagli intimi) il padre di Serge , di cui Giono è cugino.

Si noterà dall’indirizzo che la Famiglia Fiorio abitava in quel periodo … rue des Arcades. Per chi (come me) ama il mistero che le riguarda, sovente rappresentate sui quadri di Serge (e misteriose, per quanto mi concerne, perché sono plausibili luoghi di passaggio … dal reale all’immaginario), in  questo nome di strada si potrebbe forse trovare una originale indicazione. In ogni caso nulla impedisce di pensarlo …

Nella lettera si parla dunque di un testo a cui Giono da il titolo " Des joies nouvelles " e che sarà oggetto di pubblicazione su L'Intransigeant del 13 settembre 1932 sotto il titolo IL FAUT AIMER.

Non facile da reperire, ve ne do atto, (bisogna avere fortuna, diceva l’illustre Kadiiski) … ma tanto più piacevole dunque il mettere (provvisoriamente) questi poveri fogli particolarmente deperibili (e d’altro canto raramente conservati) al riparo dalle ingiurie ... di questi stessi tempi.

Come lo sono (preservate) le arcate su un quadro di Serge. Dove anche, su un altro, una giostra con cavalli Apache. E su un terzo perfino un Cheyenne carnevalesco. Tutto questo per le vie di Taninges, ovviamente.

ADDENDA:

 TESTO DELLA LETTERA AUTOGRAFA DI JEAN GIONO

 Taninges

 

Caro Signore,

Come da voi richiesto, vi invio la copia dell’articolo “Des Joies nouvelles”.

Cordialmente

Jean Giono

Presso E. Fiorio Rue des Arcades

Taninges H.te Savoie

 *

 TESTO DELL’ARTICOLO DI JEAN GIONO APPARSO SU “L’INTRANSIGEANT”

 DI NUOVE FELICITA

 Bisogna amare

 di

 Jean Giono

 

Ho ricevuto moltissime lettere riguardo il mio ultimo articolo “Le Chant du Monde”.

È per me motivo di grande gioia vedere sorgere dall’ombra questi uomini e donne che hanno amici-fiumi e amiche-montagne, coloro che non camminano su una terra silente. Costoro mi domandano in coro di renderli partecipi della mia esperienza. Non ho esperienza. Amo, ecco tutto, e penso che si debba fare così! Se si possiede il dono del cielo di avere dei sensi ben svegli non si deve fare altro che servirsi di questi strumenti per penetrare il mondo. Ho creduto per un attimo che fosse necessario conoscere il nome dei fiori, apprendere la classificazione delle pietre e leggere di zoologia. Invece no!, bisogna amare.

***

La prima cosa da imparare, la più difficile per noi uomini, è il resistere all’impulso di uccidere.

Dominare i propri impulsi quando si vede un serpente, una lucertola o un topo. Non lanciare pietre, non colpire col bastone ma osservare. E allora ci si accorge che la biscia vola rasoterra, toccando appena la polvere col bianco del suo ventre e che c’è più bellezza nello slancio di un serpente che in mille passi di danzatrici; e allora vediamo pulsare l’enorme cuore delle lucertole.

Non c’è bisogno di accertarsi che le lucertole abbiano un cuore incredibile, più grande del cuore dei piccioni. Lo si vede, lo si percepisce dal sordo rumore provocato dalla sua sorpresa.

Conosciamo il magnifico coraggio di questa strana bestiola che, appiattita al terreno e col collo sollevato, si fa incontro all’uomo soffiando come un gatto. Non è cosa usuale ma ne consiglio l’esperienza, alla stregua di un ultimo importante esame. Una volta superato possiamo dire di essere già entrati profondamente nella conoscenza e le porte sono schiuse.

 

Non bisogna muovere il bastone né le mani. Anzi, meglio sarebbe non avere alcun bastone. La lucertola vi si avvicina a quasi un metro e a quel punto è al massimo della sua collera: ben evidente, concreta.

La sua pelle si tende e si corruga; grandi onde di colore si propagano dalla testa al collo. In quella meravigliosa chiazza di verde, la collera è come un rosso olio che cola sulla sua pelle. I contadini dicono che in quegli istanti la lucertola sfolgora.

Immediatamente la sua coda ingrossa e tramite essa si punta con forza al suolo, la sua schiena si incava tra le zampe. Sta per scattare. Non bisogna muoversi. Si va calmando. Apre gli occhi sui quali, per tutto questo tempo, ha tenuto abbassate le palpebre, palpebre cineree. Le alza, cessando il suo trambusto. Si rilascia. Con spiccata grazia dondola la testa, vi guarda. Osservate gli occhi! I meravigliosi occhi della lucertola, dorati e profondi, come animati da un lento ondeggiare sottomarino di fluenti alghe azzurrine.

 ***

Ne siete stati ripagati. Ora lo sapete. Non ucciderete più una lucertola, non sarete mai più macchiati dal ricordo di una bestia sanguinante, uccisa a colpi di pietra. Mi rivolgo alla vostra generosità, alla vostra fame di felicità. Voglio darvi dei motivi per nuove gioie.

Vi racconterò storie di animali. Storie non conosciute dai cacciatori né dalle persone dotte. Bisogna avere animo aperto ed assorto, poiché la vita è una magnifica e tremenda poesia. Di volpi, lontre, donnole, ricci, quaglie, caprioli, cervi, camosci ne sento parlare da gente che non sa far altro che uccidere. Ma non hanno mai visto, sono sicuro che non hanno mai saputo vedere.

Non ho, in generale, molta simpatia per l’uomo civilizzato ma, nonostante ciò, confido in lui. So che non ha mai guardato, perché se l’avesse fatto avrebbe amato. E non avrebbe più potuto uccidere. L’uomo possiede dei sentimenti che gli potrebbero parlare vieppiù nobilmente di quel che fanno il suo ventre e la sua borsa.

Vi racconterò di piante meravigliose come i licheni, i minuscoli licheni della porfirite. Mentre ricevevo queste vostre lettere sono dovuto andare per due giorni al Col de la Croix-Haute per incontrare il mio amico Hirsch. In quella montagna abbiamo trovato delle porfiriti incrostate di licheni color verde-oro, cerchiati di nero, cosparsi di piccoli parassiti rossastri. La pietra è azzurrognola. Sono tornato con un sacco che pesava almeno quindici chili. Ritornerò con una martellina. Vi parlerò delle alghe e vi insegnerò a servirvi del contafili per osservare il mondo. A forza di gesti lenti e amorevoli, tutto prenderà un sapore particolare: i più tenui colori della montagna, dell’acqua, della foglia, i minimi gemiti del vento e della pioggia, i subitanei fremiti del sangue degli animali. Nel continuo perseverare ritornerete uomini primigeni, umili ed estasiati e sarete dissetati da quella calma felicità ch’è priva di amarezza e di menzogna. L’unica felicità!

 JEAN GIONO

 *

 NOTA SU KIRIL KADIISKI di GÉRARD ALLIBERT

 «Kadiiski … è soprattutto, per me (e per l’attento bibliofilo … per questo l’avevo volutamente lasciato nell’ombra  per quei curiosi che ne avessero voluto saperne di più), l’inventore della famosa  “Leggenda di Novgorode” di Blaise Cendrars.»

Una storia (falsa forse) che mi ha sempre intrigato !

Avevo accennato a tutto ciò nel mio “Sur un livre égaré “ (a proposito della pubblicazione nei Cahiers du Contadour  del "Solstice en Laponie" di Marc Augier, altro libro da tempo scomparso di cui ho avuto l’occasione di scovarne un giorno un  rarissimo esemplare. Questo testo fu pubblicato sul bollettino dell'Association des amis de Lucien Jacques, nel numero "Spécial Contadour"). Ti adatto qui di seguito, al fine di comprenderla meglio, la nota che vi faceva riferimento.

«Kiril Kadiiski, diplomatico, scrittore e poeta bulgaro è soprattutto (per me) lo scopritore di un esemplare, rarissimo invero, de  La légende de Novgorode  (con una –e finale seguendo il desiderio del suo autore, Blaise Cendrars). La scoperta di questo libro rappresenta per il bibliofilo il compimento di una sorta di ricerca del Graal ! Personalmente non conosco storia più bella che riguardi la carta.

Cendrars ha più volte preteso che questo titolo (in ricordo di un amore di gioventù che si concluse tragicamente) figurasse in testa alle sue bibliografie. Asseriva (si è creduto per molto tempo ad una mistificazione) che fosse il suo primo libro, apparso nel 1907 a San Pietroburgo in caratteri cirillici,con il suo nome di battesimo (Frédéric Sauser) e … per dare più mordente al tutto, stampato  … in 14 esemplari. Ovviamente introvabile !

La caduta del muro di Berlino e l’accesso agli schedari di numerose biblioteche russe non consentirono comunque di reperirne traccia.Fino a che, nel 1995, Kiril Kadiiski ne rinviene dunque (come un tesoro) un esemplare nella oscura bottega di un rigattiere di … Sofia.

Meglio di Perceval il Gallese nel castello del Re Pescatore !

Il fac-simile di questo libro è stato edito dalle edizioni Fata Morgana (1a ed. nel 1997 con tiratura di 1000 copie. La Leggenda è stata successivamente ripubblicata più volte.)

(L’autenticità di questa magnifica scoperta continua a dividere gli esperti che se ne confrontano. Senza aver raggiunto, ad oggi, certezza alcuna …)»

Con un’altra e-mail Gérard aggiunge:

«Peccato che io non vi creda … ma il vero godimento sarebbe di assistere a Cendrars che viene a conoscenza di questo processo di stregoneria intentato a Kadiiski … poiché, all’origine, (a parte il ritrovamento di questo libro) … assolutamente nulla permette di convalidare le sue proprie dichiarazioni in merito all’esistenza di questo libro ! Perché si tratta forse di un falso esemplare di un libro … mai esistito ! … se non nella testa di Cendrars. MAGNIFICO ! »

E qui, a mia volta, è l’occasione di chiedere a Gérard circa la diatriba degli esperti:

«Tu dici che c’è una diatriba tra gli esperti. Non capisco: il libro è stato fisicamente trovato oppure no ?  E se sì, questi esperti su cosa non vanno d’accordo ? Scusami ma sono di quelli che, come si dice,ci mettono un poò di tempo a capire ! »

Con un’ultima e-mail mi risponde:

Perché c’è gente gelosa (naturalmente ironizzo) la quale va sostenendo che il libro di Kiril Kadiiski sarebbe stato ‘fatto’ più che averlo trovato … lo si avrebbe un poco … costruito.

All’inizio, per molti mesi (forse anni) tutti hanno gridato alla meraviglia! Cominciando dalla figlia di Cendrars. Così pure l’editore (Fata Morgana) la cui prima edizione, con sottoscrizione riservata ai suoi clienti migliori, è andata esaurita in pochi giorni !

Poi la faccenda si è fatta scabrosa (come dicono al canale preistorico FLNC [*]). Per alcuni specialisti dell’opera di Cendrars, e della Russia zarista, ci sarebbero degli elementi che non collimano con la realtà storica dell’epoca (se ben mi ricordo, secondo costoro il nome di un hotel di Novgorod non sarebbe potuto essere qual’è nel testo perché fu solo anni dopo, successivi al passaggio di Cendrars, che si sarebbe chiamato in quel modo ! Dubbi anche sull’indicazione dell’indirizzo della tipografia … )

A fronte di queste obiezioni, Kadiiski protestò energicamente sulla sua totale probità. Si procedette allora all’analisi scientifica della carta … la quale si rivelò perfettamente conforme. Si prese in considerazione anche l’inchiostro tipografico … quando il libro, già venduto al pubblico – e a peso d’oro – fu così sottratto alla curiosità degli amatori avvertiti.

E tuttavia nuova offensiva degli increduli. Un carattere tipografico in cirillico porrebbe egualmente il problema sui clichés fatti per l’esemplare trovato nel 1995. Ma anche lì, l’anacronismo concernente il nuovo carattere (all’epoca di Cendrars) non può essere stabilito con certezza.

Se Kadiiski  era un falsario … fu un falsario di genio !

La mia opinione personale ? Mi farò (ancora una volta) aiutare da Giono per esportela.

All’inizio di un Roi sans divertissement, c’è una breve frase del narratore (nel mentre critica Sazerat, lo storico locale) che dice a proposito della versione del suddetto (cito grosso modo): “ … ma è uno storico. Credo che la realtà è più bella.”

Amo credere a questa realtà più bella. Quella dello scrittore. Quella del pittore … E quella del falsario geniale, perché no !

Che non ci faccia (nel caso … il beneficio del dubbio, è che la cosa funzioni in entrambi i sensi ! ) prendere lucciole per lanterne … ma che ci mostri le lanterne in tutta la loro bellezza (più bella se lo storico – materialista – non le analizza). Ivi compresa quella che non sarebbe stato capace di vedere da solo … senza la loro piccola spintarella. O pennellatina! »

[*]: nel testo l’aggettivo corsée (complicata, scabrosa, piccante) causa un gioco di senso - che non si è potuto mantenere,  con l’acronimo FLNC che si riferisce al Fronte di Liberazione Nazionale Corso (in corso: Fronte di Liberazione Naziunale Corsu), gruppo che chiede uno Stato indipendente per la Corsica e il conseguente distaccodell'isola dalla Francia. [NdT]                                                                                                                  

 

Samedi 19 juillet, à 11 h à la médiathèque de Gréoux les Bains, parking des thermes, dans le cadre de l'exposition Lucien Jacques et la Grande GuerreHélène Scotto et Jacky Michel liront poèmes et carnets de guerre.

 

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