Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Serge Fiorio - 1911-2011.
Newsletter
40 abonnés
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 364 321
20 mai 2014

Simone Jouglas et billet de René Duc.

  En 1937-38, Serge monte de temps en temps de Taninges au Plateau d'Assy pour y rendre visite à son jeune ami, l'écrivain Luc Dietrich, en cure à ce sanatorium d'altitude.

Il a connu Dietrich par un couple ami, des pharmaciens, les Lief, à qui Dietrich loue une chambre, ne voulant pas, pour son moral, ne fréquenter que des malades. Louis Lief est tuberculeux lui aussi. Ce sont les Lief qui bientôt achèteront la ferme du Vallon, dans le Tarn-et-Garonne, et la confieront à Serge et à son frère Aldo qu'ils savent vouloir mettre en pratique leur rêve commun d'élevage et de cultures.

Outre Luc Dietrich, Serge fait là aussi la connaissance d'un autre écrivain, également en cure : Paul Gadenne, qui publiera Siloé , son premier livre, en 1941, chez Gallimard. Je pense que c'est auprès de Paul Gadenne que Serge fait la connaissance de Simone Jouglas, la compagne de l'écrivain. Leur rupture, de 1938, ne va pas tarder et Simone se lancera aussitôt dans une nouvelle aventure : avec Serge !

Elle sera bientôt l'auteur de deux romans aux titres très fioresque :  Les murs du paradis, Julliard, 1945 et Le Carnaval étrange, Julliard, 1947; elle donnera également quelques traductions de l'anglais et de l'américain, ainsi qu'une participation, en 1950, au numéro 297 des Cahiers du Sud pour y rendre compte de L'Avenue de Paul Gadenne avec qui elle est toujours restée amie.

Sa relation avec Serge semble avoir duré de 1938 jusqu'au tout début, au moins, 1947 puisqu'Yvonne Geniet se souvenait d'avoir été accueillie avec Paul à Montjustin par le couple Serge-Simone la première fois qu'ils s'y rendirent, tout de suite après que Serge y ait jeté l'ancre. Impossible de trouver une photographie de Simone Jouglas ou autre document la concernant dans les archives du peintre ; hormis le texte qui suit, sous forme manuscrite :

Les peintres naïfs — qu'on appelle aussi peintres du dimanche, néo-primitifs, instinctifs, et j'en passe — pas plus que les auteurs de chansons populaires, ne se rattachent à aucune école.

Ignorants des canons et des lois plus ou moins arbitraires qui régissent la peinture savante, dédaigneux des modes, des engouements et des tabous, ils sont dégagés de tout ce qui n'est pas eux-mêmes devant leur réalité.

Serge Fiorio est-il un peintre naïf ?

Oui et non.

Oui, car il peint ce qu'il a envie de peindre.

Oui, car autodidacte au départ, il l'est resté farouchement, sans jamais solliciter, sans jamais écouter les conseils qu'on aurait pu lui offrir.

Oui parce qu'il a un métier autre que la peinture. Après avoir commencé très jeune à travailler dans les carrières alpines que dirigeait son père, il a choisi de devenir fermier dans un admirable coin des Basses-Alpes.

Mais Serge Fiorio échappe à cette épithète de "naïf", et ce, par plus d'un point. A l'encontre de nombreux peintres du dimanche — je pense par exemple à Bouquet, à Crépin, à l'espagnol Vivancos, qui tous ont commencé à peindre après l'âge de cinquante ans, Serge Fiorio a toujours dessiné, a toujours peint. Sa vocation n'est donc pas le résultat d'une rencontre, d'un hasard, comme ce fut le cas pour Demonchy ou Dietrich. Elle n'est pas non plus une évasion, un moyen d'échapper à un tourment, à une peur, à un soudain cataclysme, alors que tant de naïfs sont des évasionnistes : Caillaud a voulu oublier la vie affreuse des camps nazis, Van Hyfte a voulu oublier qu'il ne pouvait plus s'adonner à son sport favori. Gabrielle O'Brady a tenté déchapper à la maladie, tandis que les fleurs magiques et mystérieuses de Séraphine Louis étaient une revanche contre sa vie aride et douloureuse.

Serge Fiorio, lui, n'a jamais eu à fuir quoi que ce soit. Il est beau, il est sain, il est vigoureux. Il aime passionnément la terre et tout ce qui vit sur cette terre. La guerre a simplement fait de lui un parfait camarade, un ami des persécutés.

Enfin — et c'est là je crois ce qui fait de Serge Fiorio un "naïf" très discutable — il n'est pas inculte. Il lit beaucoup et ne lis que le beau. Il écoute la grande musique et regarde la terre, non seulement pour ce qu'elle lui donne en échange des soins qu'il lui prodigue inlassablement, mais aussi ppour la beauté de ses lignes, de ses volumes et de ses valeurs. Beauté des textes, beauté des phrases musicales, beauté de la nature, tout cela lui est culture et passe dans ses veines, dans sa vision et dans ses mains.

Un petit détail curieux a son importance : Serge Fiorio est daltonien et cela explique peut-être l'étrange sobriété de ses couleurs. Peu de verts, ou alors des verts bleutés ou bronzés. Par contre, une étonnante gamme de bruns, depuis le brun le plus riche et le plus chaud jusqu'au brun le plus discret, frère du gris ou du jaune. Le rouge n'est jamais — ou presque jamais — présent qu'en touche unique, éclatante comme un coquelicot sur un talus. Le bleu est à peu près la seule couleur qui soit franche, peut-être parce qu'elle est celle des grands ciels sereins qui sont à tout instant dans le regard de ce peintre paysan.

Et maintenant, quels sujets traite Serge Fiorio ?

On les peut classer en trois catégories : les Paysages, les Scènes de travail et les Fêtes populaires. il serait bien difficile d'énoncer une préférence.

Les Paysages sont à la fois minutieux et vastes, comme la nature elle-même : molles courbes des collines, serpentements des rivières, architecture sévère des arbres dépouillés, verdure serrée des arbres de l'été ; et par-dessus tout cela, le ciel, qui se décolore au contact de l'horizon. Tout cela exact, mais non photographique, car, sans l'avoir appris, ce naïf sait qu'il faut élaguer pour rendre le sens profond d'un coin de terre.

Les Scènes de travail sont difficiles à décrire. Si on dit que les personnages — carriers, paysans, ramasseurs de champignons — sont rigides, on trahit la vérité. Ils sont impassibles parce qu'ils sont heureux et forts.

Quant à la troisième catégorie, celle des Fêtes populaires, c'est peut-être la plus révélatrice, car, de ces bals masqués, de ces fêtes foraines, de ces manèges de chevaux de bois, se dégagent, intimément mêlés, l'humour, la poésie et le mystère. Serge Fiorio aime à jouer avec les enfants, il aime rire, chanter et danser, il s'émeut devant un beau corps, devant un joli visage. Là encore, nulle évasion : s'amuser n'est pas échapper au travail, c'est un autre aspect de la vie, et qui n'a pas plus de prix que l'autre.

Serge Fiorio est un être probablement unique. C'est un homme heureux car il fait ce qui seul lui tient à cœur : il travaille la terre, il peint et il rencontre ses innombrables amis.

En cette époque de tourments, d'arrivisme, de faux talents et de snobisme, il est lui-même et pour cette raison, le mot qui vient à l'esprit de tous ceux qui contemplent sa peinture est  : noblesse. 

                                                                                                                                                   Simone Jouglas (non daté)

                                                                                                                                                

                                                                                                                                                

                                                                           

Traduction de notre ami Agostino :  

Simone Jouglas

 

   Nel 1937-1938 Serge sale di tanto in tanto da Taninges al plateau d’Assy per rendere visita ad un giovane amico, lo scrittore Luc Dietrich in cura presso il sanatorio del luogo. Conobbe Dietrich attraverso una coppia di altri suoi amici, i Lief, farmacisti, dai quali Dietrich ebbe in affitto una camera rimediando così al fatto, stante il proprio morale, di dover frequentare solo malati. Louis Lief è anche lui tubercolotico. Saranno i Lief che ben presto acquisteranno la fattoria del Vallon nel Tarn-et-Garonne e la affideranno a Serge e suo fratello Aldo dei quali conoscono il desiderio di realizzare il loro sogno comune di allevare animali e coltivare la terra. Oltre a Luc Dietrich Serge fa anche la conoscenza di un altro scrittore lui pure in cura: Paul Gadenne che pubblicherà Siloe, la sua opera prima del 1941 presso Gallimard. Credo che sia per via di Paul Gadenne che Serge fa la conoscenza di Simone Jouglas, compagna dello scrittore. Ma la rottura tra i due è prossima (1938) e Simone si lancerà successivamente in una nuova avventura con Serge.

 

Essa diventerà presto l’autrice di due romanzi dai titoli molto alla ‘Fiorio’: I muri del paradiso, Julliard (1945), e Lo strano Carnevale, Julliard (1947); effettuerà anche alcune traduzioni dall’inglese e dall’americano e parteciperà al numero 297 dei Cahiers du Sud (1950) per parlare de L'Avenue di Paul Gadenne col quale ha mantenuto rapporti di amicizia.

 

La sua relazione con Serge sembra sia durata dal 1938 fino (almeno) agli inizi del 1947 poiché Yvonne Geniet si ricordava d’essere stata accolta con Paul a Montjustin dalla coppia Serge-Simone la prima volta che vi si recarono, subito dopo che Serge vi si era installato. È stato impossibile reperire una fotografia di Simone Jouglas o altro documento che la riguardasse negli archivi del pittore; eccetto il testo che segue in forma manoscritta:

 

I pittori naïfs – chiamati anche pittori della domenica, neo-primitivi, istintivi e chi più ne ha più ne metta – non differentemente dagli autori di canzoni popolari non si legano a nessuna scuola. Ignorando i canoni e le leggi più o meno arbitrarie che reggono la pittura ufficiale, sdegnosi delle mode, delle infatuazioni e dei tabù, non sono altro che i servitori di sé stessi, aderenti alla loro realtà.

 

Serge Fiorio è un pittore naïf ?

 

Sì e no.

 

Sì, perché dipinge ciò che ha piacere di dipingere.

 

Sì, perché da autodidatta lo è rimasto tenacemente, senza mai sollecitare, senza mai ascoltare i consigli che gli si sarebbero potuti offrire.

 

Sì, perché esercita un altro mestiere oltre la pittura. Dopo aver cominciato giovanissimo a lavorare nelle cave di montagna dirette da suo padre, ha scelto di diventare contadino in uno stupendo angolo delle Basses-Alpes.

 

Ma Serge Fiorio sfugge a quest’epiteto di ‘naïf’ e per più di un motivo. Rispetto ai numerosi pittori della domenica – penso per esempio a Bouquet, Crépin, allo spagnolo Vivancos che hanno iniziato a dipingere dopo i cinquant’anni, Serge Fiorio ha sempre disegnato e dipinto. La sua vocazione non è quindi il risultato di un incontro, di un caso come lo fu per Demonchy o Dietrich. Non è affatto un’evasione, un modo di sottrarsi a un tormento, a una paura, a un subitaneo disastro mentre per molti di loro è una via di fuga: Caillaud ha voluto dimenticare la vita orribile dei campi nazisti, Van Hyfte ha voluto dimenticare che non poteva più dedicarsi al suo sport preferito. Gabrielle O’Brady ha tentato di sfuggire alla malattia mentre i fiori magici e misteriosi di Séraphine Louis erano una rivincita contro la sua vita arida e dolorosa. Serge Fiorio non ha mai avuto necessità di fuggire alcunché. È bello, sano, vigoroso. Ama in modo appassionato la terra e tutto ciò che su di essa vive. La guerra ha semplicemente fatto di lui un compagno perfetto, un amico dei perseguitati.

 

Infineed è ciò che fa di lui un "naïf" molto controverso – non è incolto. Legge molto, legge solo ciò che è bello. Ascolta grande musica e rimira la terra, non solo per quello che essa gli dona in cambio delle cure che egli le prodiga instancabilmente ma anche per la bellezza delle sue linee, dei suoi volumi e dei suoi valori. Bellezza dei testi, bellezza delle frasi musicali, bellezza della natura, tutto questo diviene cultura e circola nelle sue vene, nella sua visione e nelle sue mani.

 

Un piccolo dettaglio curioso ha la sua importanza: Serge Fiorio è daltonico e questo spiega forse la strana sobrietà dei suoi colori. Pochi verde e nel caso dei verde azzurrognoli o bronzati. Per contro una straordinaria gamma di scuri, da quello più ricco e più caldo fino a quello più sobrio fratello del grigio o del giallo. Il rosso non è mai – o quasi mai – presente che in unico tocco, splendente come un papavero su una scarpata. L’azzurro è pressappoco il solo colore che si dichiari, forse perché è quello dei grandi cieli sereni che sono in ogni momento negli occhi di questo pittore contadino.

 

E ora, quali soggetti tratta Serge Fiorio?

 

Li si può classificare in tre categorie: i Paesaggi, le Scene di lavoro e le Feste popolari. Sarebbe difficile individuarne una preferenza.

 

I Paesaggi sono sia minuziosi che vasti, come la natura stessa: morbide curve di colline, serpeggiare di fiumi, la severa architettura di alberi spogli, il fitto fogliame degli alberi in estate; e sopra a tutto questo, il cielo, che scolora al contatto con l’orizzonte. Il tutto molto fedele ma non fotografico perché, senza averlo imparato, questo naïf sa che bisogna sfoltire per restituire il senso profondo di un angolo di terra.

 

Le Scene di lavoro sono ardue da descrivere. Se si dice che i personaggi – cavatori, contadini, raccoglitori di funghi – sono rigidi, si tradisce la verità. Invero sono impassibili, perché sono felici e forti.

 

Quanto alla terza categoria, quella delle Feste popolari, è forse la più rivelatrice poiché da quei balli mascherati, da quelle feste di paese, da quelle giostre di cavalli di legno, si liberano, intimamente mescolati, il vigore comico, la poesia e il mistero. A Serge Fiorio piace giocare coi bambini, ridere, cantare e ballare, si commuove davanti a un bel corpo, a un viso grazioso. In tutto questo nessuna evasione: divertirsi non è sfuggire al lavoro, è un ulteriore aspetto della vita, che ha la stessa importanza dell’altro.

 

Serge Fiorio è probabilmente un essere unico, un uomo felice poiché fa solo ciò che gli sta a cuore: lavora la terra, dipinge e incontra i suoi numerosi amici.

 

In questa epoca di tormenti, d’arrivismo, di falsi talentie di snobismo egli rimane sé stesso e per questa ragione, la parola che viene in mente a tutti coloro che osservano la sua pittura è : nobiltà.

 

                                                                                                                                        Simone Jouglas (senza data)

 

 

                               Un billet de René Duc à propos de La Présentation du cheval.

   On s'en doutait depuis quelques temps, nous devions intervenir. On a cherché, questionné, consulté... sans grand résultat.
Il faut dire qu'à 63 ans il est parfois nécessaire de faire un bilan.
Sa jeunesse reste un mystère, il a dû beaucoup voyager. Depuis une vingtaine d'années il nous suit partout, durant une période on l'a même installé dans dans un immeuble tout neuf, curieusement il ne se sentait pas à l'aise, probablement l'environnement avec tout ce béton - mauvaises onde - il fallait traiter les séquelles.
C'est en lisant le blog "Serge Fiorio" que la solution apparut, mais le spécialiste exerce à 100 Km. Il semble bien connaitre le sujet puisqu'il a déjà traité la famille. On téléphone pour solliciter un R.V. et là tout s'accélère, par le plus grand des hasards le spécialiste était en visite à Montpellier : "Je peux être chez vous dans une heure". Après consultation, le diagnostic tombe : "Il a besoin d'un bon traitement, il faut compter six semaines"
Les honoraires sont corrects, nous acceptons l'opération ; oh, nous n'étions pas inquiet mais quand même, six semaines de séparation !
Quarante jours plus tard, son retour fut annoncé, il est très beau parait-il.
Aujourd'hui il est là : fringant, magnifique, quelle allure, débarrassé de toute impureté il a retrouvé sa vigueur et sa force et cette prestance, il peut de nouveau se présenter.
Je parle de "La présentation du cheval" œuvre de Serge Fiorio, 1951.
C'est en lisant ce blog que la restauration de ce tableau fut sérieusement envisagé : Merci André Lombard.
Merci aussi à François Mangin-Sintes qui a écrit sur le blog au sujet de La Cérémonie du cheval : " Je ne le quitte plus des yeux depuis sa spectaculaire restauration", on ne peut pas plus bel éloge !
J'ai pu ensuite retrouver le spécialiste restaurateur Alain Montoir qui travaille avec Christelle Chazeau à Châteaurenard, grand merci à eux deux.

René Duc.

 

Présentation du cheval III

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité