" Je ne sais...."
« Je ne sais ce que tout cela va devenir. » Si Serge ne parlait que très rarement et à quelques proches seulement de sa peinture elle-même, un an avant de tirer sa révérence il évoqua quand même tout à coup et comme à brûle-pourpoint donc, la question devenue soudain béante de son sort à elle, celle de sa survie, considérant la chose sans pouvoir évidemment en dire clairement quoi que ce soit, regardant sans pouvoir, au fond, voir : bouteille à la mer, alors, que l'œuvre achevé ! Moment hautement pathétique et grave dans la vie du peintre, de l'artiste, qui attend malgré tout encore quelque chose et pour cela écoute ainsi en lui-même — cette fois, la dernière, toutes portes grandes ouvertes, au seuil de l'éternité.
Heureusement, Serge avait foi en sa peinture — en ce qu'elle est — où la mort n'a aucun triomphe, reste sagement à sa place, celle précisément que lui-même lui y a donné : par là, son tragique n'est pas absurde, pas plus qu'il n'est « moderne », mais bien de cœur, par contre, avec l'avenir.