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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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20 avril 2014

La toute dernière toile.

   La toute dernière toile de Serge, l'ultime — après la dernière, toute petite, minuscule, restée inachevée sur une étagère dans le placard de l'atelier — est une toile blanche, un 8 Figure : la prochaine qu'il devait peindre encore, "mettre en route", et qu'il avait déjà apprivoisée en lui ôtant son film de plastique protecteur transparent. Il l'avait prise en main des deux mains, face à face, comme un miroir, passé la main dessus pour en détecter les défauts, s'il y en avait eu, de l'enduit ou du grain — auquel cas elle aurait eu droit à "un petit coup de papier de verre."

De temps en temps dans la journée, il était allé vers elle comme souvent de la même façon, en d'autres temps, il était allé vers d'autres de la même espèce, spontanément, pour y promener son regard en toute innocence, sans apriori, ni volonté, l'en inspirer en silence comme d'un véritable paysage de neige.

S'inspirer d'une toile vierge ? Oui, et comment ! le peintre n'est pas l'écrivain qui le plus souvent, dit-on, redoute la page blanche. Mais au fond, est-ce bien vrai ? J'en connais qui en sont très gourmands au contraire et s'y mettent volontiers d'entrée, avant même de toucher au beurre et à la confiture du petit-déjeuner. Le poète Jean Mogin disait en garder toujours une en attente, en réserve sur sa table de nuit et qu'au besoin il ne fallait, à n'importe quelle heure, jamais hésiter une seconde à s'assoir dans son lit pour écrire.

La toile blanche lui est une porte, une fenêtre, une lucarne, donnant directement sur l'écran intérieur, "où tout se passe." Sa démarche est ici — comme ailleurs d'ailleurs, que ce soit, pour ne prendre que deux exemples, devant le paysage ou les fêtes de Carnaval — exactement à l'inverse de l'abstraction.

Serge disait volontiers qu'en manque d'inspiration, il lui suffisait alors de "fermer les yeux pour que tout s'éclaire." Le même phénomène se produit pour lui tout aussi couramment devant une toile blanche ; l'esprit du peintre y capte immédiatement comme un secret latent à mettre au jour ; une vie entière encore secrète qu'il convient, en l'exprimant, d'exorciser. Moment exceptionnel : "C'est excitant quand la machine se met en route ! " Sensation d'une forte jouissance à la fois intime et surnaturelle, les sens en extase active, si l'on peut dire, une lévitation de l'âme — pourquoi pas ? Comment exprimer par des mots le moment de ce si subtil passage à l'acte où tout d'un coup le peintre n'est plus personne, ou presque ? 

Un trait en appelle un autre, le suggère, l'impose, c'est selon. Pour obéir, la main va et vient, d'un bout à l'autre de la toile, s'arrête, repart, dans les deux sens. Et voilà qu'une forêt se dresse et se met en marche, debout, au crayon gris ! la grande souche régnant, elle, au mitan de la clairière, comme une bête fantastique, déjà toute carapacée d'écorces, monstrueuse, allongée de tout son long, de tout son poids, la gueule grand ouverte ! Du coup, une à une, les couleurs rappliquent ! en veulent !

Le peintre le sait, le sent, il est partie prenante, complètement : " Sans plus attendre maintenant, tout ça me faut le peindre " Derrière ses lunettes, il ajuste son regard, mouille le pinceau choisi d'une goutte d'huile de lin ; c'est parti, la Forêt se peuple de couleurs et s'anime dans l'allée déjà moussue de la perspective ! C'est le plus souvent du haut vitrail fait de l'entrecroisement des branches qui gesticulent sur la profondeur du ciel que se manifeste et descend ici la lumière.

 

Traduction de notre ami Agostino Forte.

L’ultimissima tela

   L’ultima tela di Serge è piccolina, minuscola. Ristà incompiuta sopra un ripiano dell’armadio dello studio L’ultimissima, invece, è una tela bianca (46 cm. X 38 cm.). Quell’ultima che doveva ancora dipingere, ‘varare’ e che aveva già predisposta togliendole la trasparente pellicola di plastica protettiva. L’aveva presa nelle mani, a tu per tu come davanti allo specchio, ne aveva passata sopra la mano per sentirne gli eventuali difetti, i depositi, le asperità. Nel qual caso avrebbe ovviato con un “colpetto di carta abrasiva”.

Era d’uso, durante la giornata, ritornare di tanto in tanto alla tela, come aveva spesso fatto altre volte con le consorelle, al fine di farvi semplicemente scorrere lo sguardo, così, senza scopo, senza altro motivo che il farsene silenziosamente ispirare come davanti a un paesaggio innevato.

Farsi ispirare da una tela vergine? Ebbene sì! Il pittore non è lo scrittore che molto spesso, si dice, teme la pagina bianca. Ma è poi vero? Ne conosco alcuni invece particolarmente ghiotti i quali vi si predispongono ancor prima di toccare la colazione. Il poeta Jean Mogin diceva di tenerne sempre una di riserva, in attesa sul suo comodino e che, alla bisogna e a qualsiasi ora, non esitava un solo istante a sedersi sul letto per scrivere.

Per Serge la tela bianca fungeva da porta, da finestra, da lucernario, apriva sullo schermo interiore “dove accade di tutto”. Qui, il suo percorso è esattamente l’inverso dell’astrazione – come del resto, valgano due esempi, di fronte al paesaggio o la festa di Carnevale.

Serge usava dire che in mancanza d’ispirazione gli era sufficiente “chiudere gli occhi affinché tutto prendesse forma”. Lo stesso fenomeno gli accade correntemente dinanzi a una tela bianca dove l’animo del pittore capta immediatamente un segreto latente da rivelare, una vita intera ancora occulta che è opportuno, manifestandola, liberare. Momento cruciale : “È eccitante quando la macchina si mette in moto”. Sensazione di alto godimento sia intimo che soprannaturale, i sensi in estasi attiva e, se ci è concesso – perché no?, una levitazione dell’anima. Come esprimere con parole il momento di un così  sottile passaggio all’atto dove immantinente il pittore è ‘altro da sé’, o quasi?

Un tratto ne chiama un altro, lo suggerisce, lo impone, consegue. Obbediente, la mano va e viene, da un capo all’altro della tela, si arresta, riprende in entrambi i sensi. Ecco che una foresta si staglia e procede, erta, dalla matita grigia. Il gran ceppo regna in mezzo alla radura come una bestia fantastica, corazzato di corteccia, mostruoso, disteso per tutta la sua lunghezza e con tutta la sua pesantezza, spalancando enormi fauci! Repentini, uno a uno, i colori riappaiono! Lo esigono!

Il pittore lo sa, lo sente, è parte coinvolta, completamente: “devo assolutamente dipingere senza ulteriori indugi!”. Dietro agli occhiali studia il da farsi, intinge la punta del pennello prescelto nell’olio di lino e via! La Foresta si popola di colori e si anima nel viale ormai muschioso della prospettiva. E sempre più la luce di manifesta e piomba come da un’alta vetrata, attraverso l’intreccio dei rami che si sbracciano sulla profondità del cielo.

 

 

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