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Serge Fiorio - 1911-2011.
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  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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27 mai 2014

Le billet de Gérard Allibert.

Petite ébauche comparative à propos d'Ambrogio Lorenzetti,  de Serge Fiorio, ainsi que des effets  supposés de certains bons gouvernements en matière de paysages campagnards ... voire de vues panoramiques !

 

 *   *   *

 

Commençons par le commencement : je viens, André, de lire à l'instant ton mot du 26 mai et d'y découvrir le beau et juste texte de Serge Bec qui l'accompagne. Le poète de la lumière et du vent y fait référence aux frères Lorenzetti,  à Ambrogio en particulier, au sujet de la peinture de Serge. Magie de la grande toile, je suis immédiatement allé voir un peu quelle œuvre se cachait encore à moi (ce n'est évidemment pas la seule !) derrière cet artiste né et mort à Sienne au tournant du 14ème siècle (ma fille s'y trouvant à cette heure ... ce pourrait être une possible justification de ces quelques lignes à l'impromptu) ... et qui m'était à peu près (fors son patronyme) totalement  inconnu ... avant donc d'en retrouver son nom rapporté ici.

Parenthèse (j'en suis coutumier) : Malgré ma pauvre mémoire je me souviens tant bien que mal d'un autre siècle et de quelques couloirs embouteillés, colorés et sonores de la fac de Lettres à Aix-en-Provence. Tombant du train des Alpes (qui par bonheur ne roulait pas à l'allure d'un TGV) je m'y étais quelque peu hasardeusement réceptionné, avec  donc quantité de bleus et de bosses originelles ... et - surtout  - ne comprenant pas tout de ce qui était censé s'y passer. A commencer par le contenu de ce cours de Littérature comparée (j'étais encore  bien loin de pouvoir comparer un peu sérieusement quoi que ce soit) auquel je m'étais inscrit ... parce qu'il ne fallait pas se lever trop tôt pour y assister.

Ce n'est que bien plus tard que j'en ai saisi le sens ... et l'intérêt ! Aujourd'hui j'ai (on ne peut plus humblement) tendance à penser (à la suite de bien d'autres) que, par-delà toutes anecdotiques frontières spatio-temporelles, l'essentiel du souffle vital de l'Art est là (et sans doute même assez au-delà que ce seul souffle) dans cette capacité à faire se rencontrer des œuvres (parfois même l'insu de leur plein gré", aurait dit un célèbre philosophe-cycliste) en un mot : les faire cohabiter ... dans ce qui demeure notre maison commune.

Fermons la parenthèse.

Il n'y a bien naturellement aucun doute que Serge Fiorio qui a tant aimé  les peintres de cette période (confidences que tu as précieusement rapportées ici et là) n'ignorait, lui, rien de cet artiste et de son œuvre maîtresse.  Et qu'il devait (entre autres) parfaitement connaître dans ses moindres détails cette peinture magnifique intitulée Effets du bon gouvernement à la campagne (Effetti del Buon Governo in campagna - 1337/1340) qui est un de ses décors (140 cm) ornant les salles du Palazzo Pubblico de Sienne.

Réalisation révolutionnaire, lis-je (lien ci-après), qui introduisit l'art pictural nouveau de la Renaissance. Première vue panoramique d’une ville jamais réalisée depuis l'antiquité et première représentation extensive d'une véritable ville ... et de son environnement naturel (c'est de ce dernier dont il sera question ici)

Rien que ça !  Évidemment fondamental et immanquable.

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=167&pChapitreId=32131&pSousChapitreId=32142&pArticleLib=Ambrogio+Lorenzetti+%5BLes+%AB%A0Primitifs%A0%BB+italiens+%28Histoire+de+l%27art%29-%3ELes+%AB%A0Primitifs%A0%BB+italiens%5D

 

Ambrogio I

Mais, notre peintre y a-t-il consciemment pensé en élaborant ses propres Hauts Plateaux ... la chose est - tout aussi évidemment - fort conjecturale !

Les hauts plateaux I

Et pourtant (merci Serge Bec !) que de résonnances entre ces deux œuvres ... à peine voisines de quasi sept cent ans (bien peu de chose il est vrai à l'aune des temps éternels).

Ce n'est cependant pas spécifiquement aux Hauts Plateaux que Serge a peints en 1981 que le poète pensait en suggérant cette lointaine proche-parenté ... puisque son texte date de 1972, soit presque dix ans avant la réalisation de ce paysage panoramique.

Par contre, je suis assez persuadé que c'est bien ces Effets du bon gouvernement qu'il avait en tête en accolant le nom d'Ambrogio Lorenzetti à celui de l'exilé italien de nos hautes terres. Lequel, du haut des fenêtres de son atelier, pouvait du reste - par jour de beau temps (ou de grand vent, ce qui n'est pas contradictoire !) - contempler au loin le panorama de la campagne siennoise du Trecento. Et de son fameux gouvernement.

Essayons alors d'y voir d'un peu plus près ...

Au second plan tout d'abord, dans les deux compositions, l'enchevêtrement des collines qui, bien sûr, capte immédiatement le regard. Puis devant elles, un semblable étalement des parcelles paysannes. Ici et là le mouvement se fait de la gauche vers la droite, au départ de pareilles tours d'un identique château.  Ou presque. Avec, pour origine, à ses pieds, la même langue de terre brune. Au coeur de ces deux plaines fertiles, aux versants des rotondités, deux villages analogues. Dans les champs les mêmes paysans au travail. Avec les mêmes chevaux parfois. La même présence d'arbres solitaires aussi. Chez Lorenzetti également (sur la gauche de la fresque) des lopins de terre soigneusement délimités ... dont Serge s'est fait une signature : Copieur ! (Je parle du vénérable Ambrogio bien sûr :))

Ne manquerait, chez Serge, que l'Ange (ou l'Angesse plutôt !) Encore que, pas mal d'entre-nous en aient repéré la présence derrière l'air.

Simple affaire de point de vue, donc.

Pourtant non, je ne crois pas que le peintre de Montjustin se soit volontairement inspiré de son grand ancêtre de Sienne. Mais il n'est peut-être pas interdit de penser que, comme bien souvent, il ait vu (imaginé ?) ce paysage en songe avant de le coucher (oui, oui, on distingue  aisément, saillant du sol, l'échine fantastique d'au moins deux bêtes cyclopéennes, les taureaux de Maudru peut-être ... mais c'est là une toute autre histoire !) avant donc de le coucher sur sa toile.

Et les rêves, mon cher Gaston, qui sait d'où ça nous vient ?

Et qui sait où ça nous mène !

 

PS : A propos des Effets du bon gouvernement d'Ambrogio Lorenzetti, qui le souhaiterait pourra utilement écouter la rapide présentation (lien suivant) que l'historien Patrick Boucheron fait du livre ("Conjurer la peur, Sienne, 1338"  Ed. du Seuil) qu'il vient tout récemment (oct. 2013) de consacrer à l'histoire de cette fresque et à celle de la ville de Sienne à cette époque. Une lecture éminemment recommandable ... comme aurait pu le dire le chargé du cours évoqué précédemment :) . Je remercie tout particulièrement ici l'amie Marie-Claude Bonnet de m'avoir signalé l'actualité de cette étude (il y est question d'esprit républicain et de résistance à la tyrannie) en relation aussi inopinée qu'heureuse avec ce petit commentaire du jour.

 

 

 

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