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Serge Fiorio - 1911-2011.
Serge Fiorio - 1911-2011.
  • Actualités de l'œuvre et biographie du peintre Serge Fiorio par André Lombard et quelques autres rédactrices ou rédacteurs, amis de l'artiste ou passionnés de l'œuvre. Le tout pimenté de tribunes libres ou de billets d'humeur.
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Serge Fiorio - 1911-2011.
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16 avril 2014

Portrait d'Inès Fiorio.

    Il s'agit aujourd'hui du portrait d'Inès Fiorio, la jeune cousine du peintre. Il a été mis en chantier peu de temps après le drame, Pour tante et tonton, car leur fille est morte dans des conditions tragiques, au printemps 1943, sous le dernier bombardement de Boulogne-Billancourt. La signature en est celle de toutes les œuvres intimes : Serge. Un point c'est tout.

Photo NB INES

On va tout de suite se rendre compte que c'est bien à partir de cette photographie que le peintre — voulant rester le plus fidèle possible à la réalité — travailla son portrait.

Elle est la fille unique d'Ernest Fiorio — frère d'Emile, le père de Serge — et de Técla, son épouse. C'est au cours d'un séjour chez les parents de son compagnon ou mari (l'homme de théâtre Jean-Pierre Grenier — 1914-2.000 — rencontré je crois au Contadour) qu'elle ira spontanément au-devant de la mort pour essayer — bravant délibérément le danger — de les rejoindre dans l'espoir de les sauver quand elle s'aperçoit que ces derniers, restés à la maison, sont sous le feu nourri de bombardements aériens.

Inès Fiorio

C'est depuis la ferme du Vallon, dans le Tarn-et-Garonne que, le 10 avril 1943, Serge en informe, par lettre, son ami Paul Geniet. Il lui écrira ensuite à propos du portrait. J'en retranscris les textes tels quels, avec leurs erreurs de langage, leurs fautes, leurs maladresses et leurs incongruités, dues sans doute à un Serge sous le coup d'une forte émotion au cours de leur rédaction. Ceux qui ont de bons yeux pourront en prendre directement connaissance un peu plus loin sur les reproductions scannées deux deux lettres.

Mon cher Paul,

Je voulais longuement répondre à ta longue lettre. Nous avons eu ces temps plusieurs ennuis et maintenant une catastrophe telle que je n'aurai pas de quelques jours le goût de faire beaucoup de littérature. Inès a été une des victimes du dernier bombardement de Paris. Ce n'est pas long, mais tu peux imaginer toute l'étendue du malheur qui nous frappe si brutalement et au point le plus sensible. Inès était au centre de notre affection, rien ne pouvait nous toucher tous plus que ce qui arrive.

Papa est parti hier à Taninges. Il a du arriver ce soir. Je regrette d'être si loin — quoique ce ne doit pas être drôle — Mais je voudrais être auprès de tante et tonton. C'est terrible, pour eux c'est la fin. La fin de toute joie. Ils sont à un âge où l'on ne peut rien recommencer. C'est triste, triste. Ça te fait un mal qui laisse sans force, et chaque détail de ce retour de tante et tonton, de leur lugubre voyage à Paris, qu'on réalise (la chambre d'Inès définitivement vide, les objets siens, ses habits, les mille choses d'elle qu'il y a dansd cette maison, et qui a chaque instant va brutalement rappeler la réalité) te remplit d'angoisse. Inès et Jean-Pierre ont quitté Taninges il y a un mois. C'est à croire qu'elle avait un rendez-vous avec la mort. Salut mon vieux, embrasse tout le monde pour moi. Nous restons tous pour quelques temps avec notre grande tristesse.

Bien à toi, Serge.

Les lignes de la deuxième lettre de Serge concernant ce portrait sont celles-ci :

...../.....En ce moment, je fais le portrait d'Inès, de cette pauvre Inès, que je veux offrir à ses parents. le plaisir n'est pas entier, parce que je cherche la ressemblance pour elle-même, et par là il me faut lutter contre ma tendance à styliser et transposer les lignes en idéalisant, et au point de vue couleur peindre avec des couleurs logiques, tandis que dans mon souvenir Inès reste quelque chose d'éblouissant que je voudrais traduire avec des ocres purs, ocres jaunes et rouges et jaunes de chrome et cuivre pour les cheveux. Surtout le dessin serré auquel ce travail m'oblige me fait retrouver Inès de façon si intime et si près de la vie, de mes souvenirs, que j'en ai souvent mal à la gorge, et près à éclater en sanglots. Pourtant Dieu sait si j'ai des idées saines sur la vie et sur la mort, et des grands moments, même pour Inès, il y a un bon équilibre entre ma raison et mon cœur. Mais cette impression que j'ai, de me retrouver par le travail que je fais, tout à coup devant elle vivante, je ne peux m'empêcher qu'elle me bouleverse...../....

Bleu

Blanc

J'ai pour ma part, devant ce portrait, l'impression être devant celui d'un papillon dont les ailes seraient — figurées par le paysage sommaire et peu coloré visible de chaque côté du visage — ouvertes par dessus les épaules. Sommaire paysage pour dire en peintre qu'Inès n'a pas eu assez le temps de vivre. Serge ne peut donc mieux le nourrir,  ni le peupler.

Inconsciemment inspiré (?) le rocher clair à l'arrière-plan gauche semble figurer en douce la face d'une tête de mort.

L'ombre portée (exceptionnelle dans la peinture de Serge) sur le visage et sur le corsage blanc cassé est comme la marque du malheur inscrite sur le personnage. Le visage est très volontaire, d'une beauté rare et altière qui correspond bien à l'image solaire qu'avait gardé de cette fille son entourage familial : Inès était avant tout un caractère. Pour le reste, elle adorait par exemple se nourrir au jardin de boutons de roses qu'elle croquait avec un plaisir évident tandis que les chiens réputés les plus méchants se changeaient comme par enchantement, sous ses caresses, en bêtes adorables. Sa façon d'appréhender la vie et de la vivre n'était pas celle, en général, du commun des mortels. Les circonstances de sa mort en sont un dernier et le plus authentique des témoignages.

Inès Fiorio

C'est le visage rêveusement implacable de Pallas-Athénée sortie tout armée du front de Zeus qui m'apparaît....  écrit, parlant d'elle, Pierre Magnan dans son Pour saluer Giono en 1990. Sous le corsage bien rempli se devine une belle et forte poitrine dont le romancier se souviendra toute sa vie puisque, plus de cinquante ans plus tard, il relate ses émotions de jeune homme, à la source en contrebas du Moulin du Contadour...Mais  écoutons-le en parler lui-même page 50 :

Pages Pour saluer Giono

 

Quelques liens :

Portrait d'Aline Giono enfant au lavis d'encre noire.

À chacun son Giono !

Colette évoque Giono dans Flore et Pomone.

Prix Jean Giono : le jour d'après ?

Gouache d'illustration d'une scène du Chant du monde.

Une lettre du cordonnier Jean-Antoine Giono à son neveu le maçon-carrier Émile Fiorio.

Giono en japonais, de Satoru Yamamoto.

Le premier Giono a bien plus qu'un accent, et alors ?

Fiorio semeur de songes.

Giono au Mucem : contrepoints.

À propos du fameaux peintre naïf cousin de Giono.

Le premier portrait de Giono. 2
Le premier portrait de Giono.3
Le premier portrait de Giono. 4 (suite et fin).

Jean Giono et ses cousins Fiorio à Taninges par René Rosnoblet.
Impromptu 8. (Qui est une mise au point ).
Les tribulations du premier Portrait de Giono.
Un de Taninges.
Sur le Deuxième portrait de Giono.1989.
Giono et la peinture.
 *

Traduction de notre ami Agostino :

   Oggi parliamo del ritratto di Ines Fiorio, la giovane cugina del pittore. Il quadro, Per la zia e lo zio - seguendo la dedica, era stato iniziato poco tempo dopo il dramma che li colpì: la loro figlia morì in tragiche circostanze nella primavera del 1943, sotto l’ultimo bombardamento di Boulogne-Billancourt. La firma è quella di tutte le opere intime: Serge. Con un punto a seguire.

Ci rendiamo subito conto che è proprio a partire da questa fotografia che il pittore operò per il ritratto, volendo restare il più fedele possibile alla realtà.

Ines era la figlia unica di Ernest Fiorio – fratello di Emilio, il padre di Serge – e di sua moglie Tecla. Successe che durante un soggiorno presso i genitori del suo compagno o marito - l’uomo di teatro Jean-Pierre Grenier (1914-2000) che presumo avesse incontrato al Contadour - essendosi accorta che i suoceri, restati a casa, erano sotto il fuoco intenso dei bombardamenti aerei, affrontò deliberatamente il pericolo andando istintivamente incontro alla morte nel tentativo e con la speranza di raggiungerli e porli in salvo.

È dalla fattoria del Vallon (nel Tarn-et-Garonne) che Serge, il 10 aprile 1943, ne informa per lettera il suo amico Paul Geniet. Successivamente gli scriverà a proposito del ritratto. Trascrivo il testo tale e quale, con gli errori di lingua, gli sbagli, le goffaggini e le incongruenze, dovute senza dubbio a un Serge, nel mentre, sotto l’influsso di una forte emozione. Coloro che hanno vista buona potranno prenderne conoscenza diretta dalle lettere riprodotte.

Mio caro Paul,

Volevo dettagliatamente rispondere alla tua lunga lettera. Ultimamente abbiamo avuto parecchie noie e adesso una tale catastrofe che per un po’ di giorni non avrò certo voglia di scrivere. Ines è stata una delle vittime dell’ultimo bombardamento di Parigi. Non è da molto e puoi immaginare tutta l’ampiezza del dispiacere che ci colpisce così brutalmente e nel punto più sensibile. Ines era al centro del nostro affetto niente poteva maggiormente toccarci più di quello che è successo.

Papà è partito ieri per Taninges e penso sia arrivato in serata. Mi dispiace di essere così lontano – sebbene non debba essere cosa piacevole – ma vorrei essere vicino alla zia e allo zio. Per loro è terribile, è la fine. La fine di ogni gioia, anche perché sono in un’età dove non si può ricominciare più nulla. È triste, triste. Ciò ti fa un male che lascia senza forze, e ogni dettaglio di questo ritorno di zia e zio, del loro terribile viaggio a Parigi, ci si rende conto (la camera di Ines definitivamente vuota, i suoi oggetti, i suoi vestiti, le sue mille cose conservate in questa casa e che in ogni momento rammentano bruscamente la realtà) ti riempie d’angoscia. Ines e Jean-Pierre hanno lasciato Taninges un mese fa. C’è da pensare che avesse un appuntamento con la morte. Un saluto amico mio, abbraccia tutti da parte mia. Resteremo tutti per un po’ con la nostra grande tristezza.

Ogni bene, Serge.

Le righe della seconda lettera di Serge che si riferiscono al ritratto sono le seguenti:

…/… in questo momento, sto facendo un ritratto di Ines, della povera Ines, che voglio offrire ai suoi genitori. Non sono completamente soddisfatto perché cerco la rassomiglianza in sé, e per questo debbo lottare contro la mia tendenza a stilizzare e trasporre le linee idealizzando, e dal punto di vista del colore dipingere con dei colori logici, mentre nel mio ricordo Ines resta qualcosa di sensazionale che vorrei rendere con degli ocra puri, ocra gialli e rossi e giallo cromo e rame per i capelli. Soprattutto il disegno fitto al quale questo lavoro mi obbliga mi fa ritrovare Ines in maniera così intima e aderente alla vita, ai miei ricordi che me ne viene sovente un groppo alla gola prossimo allo scoppiare in singhiozzi. Eppure Dio solo sa se ho idee salutari sulla vita e sulla morte, e dei momenti importanti, anche per Ines, c’è un buon equilibrio in me tra cuore e ragione. Ma questa impressione che ho, di ritrovarmi per il  lavoro che faccio, tutto a un tratto lei viva davanti, non posso impedirmi che mi sconvolga …

Per quanto mi riguarda, osservando questo ritratto ho l’impressione di essere davanti a quello di una farfalla le cui ali – raffigurate dal paesaggio sommario e poco colorato visibile da ogni lato del viso – sarebbero aperte sopra le spalle. Paesaggio sommario col quale il pittore vuole esprimere che Ines non ha avuto molto tempo per vivere. Per questo Serge si trova nell’impossibilità di nutrirlo, di popolarlo.

Incoscientemente ispirata (?) la roccia chiara in secondo piano a sinistra sembra raffigurare di sfuggita il volto di un teschio.

L’ombra portata (eccezionale nella pittura di Serge) sul viso e sul corpetto biancastro è come un segno di sventura inscritta sul personaggio. Il viso esprime temperamento, una rara e fiera bellezza che ben corrisponde all’immagine solare che di questa ragazza aveva conservato l’ambiente familiare: Ines era prima di tutto un carattere. Quanto al resto, adorava per esempio mangiare le gemme delle rose che sgranocchiava con evidente piacere mentre i cani ritenuti i più cattivi si rivelavano mansueti sotto le sue carezze. Il suo modo di affrontare e vivere la vita non era in generale quella del comune mortale. Le circostanze della sua morte ne sono l’ultima e più autentica testimonianza.

È il volto oniricamente implacabile di Pallade Atena che mi appare, sorta in armi dalla fronte di Zeus… così scrive parlando di lei Pierre Magnan nel suo “Pour saluer Giono” (1990). Sotto la camiciola si indovina la bellezza e la prestanza di un petto del quale il romanziere si ricorderà per tutta la vita fino a più di cinquant’anni dopo quando, riportandoci le sue emozioni di ragazzo, alla fonte sotto il Moulin du Contadour … ma ascoltiamo dalle sue parole (pag. 50):

[…]

La fonte è laggiù. Le si è fatta ombra perché è così esigua che il sole avrebbe fatto presto a prosciugarla. Vedo l’angolo di un lavatoio dove una foglia naviga tremolante in superficie. Ma ancora prima di registrare questa immagine vedo un’altra sorgente. È una donna che si riveste dopo essersi lavata. Si è infilata la maglietta e non mi ha ancora visto. Ha le braccia alzate e il torso nudo. Faccio rotolare dei sassi sotto i miei piedi per farmi sentire, ma un attimo prima di aver avuto questa reazione istintiva ho visto i seni più belli del mondo. Bisognava  dunque che venissi in questo improbabile luogo, in fondo a questo disgraziato vallone, perché potessi intravedere i primi seni della mia vita. Prima d’ora non avevo visto altro che mammelle dilatate e gonfie di latte, riversate verso la bocca di qualche lattante sdentato. Non credo ai miei occhi.

La visione cambia repentinamente, lei abbassa le braccia e la maglietta discende lungo i muscoli della sua schiena. Mi è di fronte, mi sorride, mi dice buongiorno. È il volto oniricamente implacabile di Pallade Atena che mi appare, sorta in armi dalla fronte di Zeus, come viene raffigurata in una delle incisioni sul manuale scolastico di Mallet-Isaac che avevo quando frequentavo la sesta classe. Oramai quando leggerò il nome di questa divinità o quello di Elena di Sparta, il mio ricordo riesumerà il biondo viso di Ines Fiorio.

Ma non è che una delle emozioni che mi attendono. La sorgente, il cui getto passerebbe attraverso la cruna dell’ago, mi meraviglia a sua volta per la sua cocciuta persistenza. Ho pietà di lei. Vorrei tendere le mie mani a conchiglia attorno a questo filo d’acqua così come si protegge la fiamma di una candela.

Altri uomini - chi asciutto chi in carne, altre donne – di belle e di brutte, arrivano in fila indiana sul sentiero, fanno cerchio attorno alle vasche, con degli otri piegati a fisarmonica e un bilanciere che permette di ritornare adeguando il passo. Discutono, chiacchierano, dialogano, si fanno delle sigarette, riempiono le pipe con gesti sicuri. Ne hanno tutto il tempo: per colmare ognuno dei recipienti che si sono portati ci vogliono venti minuti buoni.

Mi dico che questi dettagli insignificanti e che riguardano solo me, non sono lì per caso. Avranno chiarito abbastanza, a cinquantaquattro anni di distanza, che cos’è la mia memoria?

Mi ricordo di ragazze, generalmente brutte, delle quali non ho ritenuto memoria. Ce n’è una sola: Geneviève, doveva avere pressappoco vent’anni, una belga bionda - sedevamo tutti e due su delle pietre sotto l’ombra scarsa di stente essenze resinose di cui ho già detto - che passava lunghe ore a raccontarmi la sua vita, a tentare un approccio, invano. Ero stupido, idealista, e la donna mi faceva paura. Eppure non ho mai dimenticato, di quei momenti, il triste rumore del vento tra le conifere. Ed è grande il mio rimpianto per non aver saputo prendere tra le mie braccia questa Geneviève di vent’anni, non per il mio piacere ma per tentare di consolarla della vita.

Ecco dunque tutte queste prime volte: il chiar di luna sui capelli d’Argentine, il mio gesto, subito fermato, di accostarle la testa all’incavo della mia spalla; la fonte, i seni, il viso da Minerva d’Ines Fiorio, le confidenze di Geneviève, la musica di Schubert, tutte quelle personalità di uomini proposte alla mia indiscreta curiosità: Lucien, Berthoumieu, Jean Vachier, le Pilou, Rabinovitch, Brauman, Fluchère, […]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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