Un orage.
C'est Serge qui tient le tableau en ses mains pendant que je fais la photo. Ce jour-là, nous en avons plusieurs " à mettre dans la boîte " puisqu'on en devine deux ou trois autres encore en attente dans l'ombre, debout à ses pieds, au pied de l'atelier.
Jour de printemps, sans doute : en haut de la photo, sur une petite branche en plein soleil pointe un joli petit bourgeon de sureau.
Sur la toile, par contre, l'orage est là qui ne gronde peut-être pas encore, mais pas loin, concentré, dans un véritable ciel de véritable fin du monde. Pourtant, à hauteur d'homme, la lumière aussi est présente, intensément, en un moment de puissant contrepoint ; portée, dirait-on, au paroxyme de sa pureté native, première, à travers l'air, elle transfigure les peupliers en flammes, en épis d'or plutôt, riches en grains comme ceux d'une récolte inouie, hors du commun, phénoménale ; autre chemin à suivre — du regard celui-là — que celui tracé par la petite rivière Poésie, pleine à ras-bord, à ravir, des végétaux reflétés qui s'y mirent et en ce doux virage l'escortent.
Comme pour toujours debout en sentinelle, le clocher, lui, monte solidement la garde, en blanc guerrier spirituel.
Pas âme qui vive autour de l'église, ni dans les champs en jardin sans murs que le peintre travaille et peigne délicatement, pare ensuite de bijoux innombrables.
Le cultivé et le sauvage trouvent ici en Serge un bel équilibre stable.