Haute-Provence : la mariée n'est jamais trop belle

Haute-Provence : la mariée n'est jamais trop belle

   Commençant (comme souvent) pour le moins avec esprit l’une de ses fameuses innombrables chroniques publiées au journal La Montagne, feu le grand Alexandre Vialatte écrivait ceci : « On m’a reproché beaucoup d’avoir exagéré l’altitude du puy de Dôme dans un ouvrage sur le Massif central (je lui aurais donné cent mètres de trop).
Il y a là quelque ingratitude. La mariée n’est jamais trop belle. Voilà longtemps que le puy de Dôme était trop petit. »

   Aussi, volontiers dans le même esprit que celui de cette verte autant que passionnée déclaration d’amour indigène, je dirais que, grosso-modo anciennes Basses-Alpes, la Haute-Provence, elle, mérite bien – non comme une simple fleur supplémentaire à son chapeau – l’attribution d’un noble H majuscule en guise de nimbe ou de couronne royale !
Il y a d’ailleurs belle lurette que cette marque distinctive avant tout profondément reconnaissante, plus que protocolairement honorifique, lui sied à merveille, fièrement présente la plupart du temps – ce qui dit beaucoup – sous la plume, en le cas indocile au français, de nombre de ses amoureux répartis un peu partout sur la planète.
Cela n’en déplaise fort aux censeurs assermentés ou pas en le domaine, aux divers doctes jeteurs de sort onomastiques et autres stricts maniaques des règles orthotypographiques pour qui l’académique règle d’écriture prime, surpasse, et l’emporte toujours d’office, réduisant ainsi au silence toute appréciation et toute sensibilité autre que sèchement officielle…
N’empêche, heureusement qu’à leur nez et à leur barbe, en fait, il n’en est rien : Haute-Provence écrivons-nous nombreux et d’enthousiasme à l’encontre de ce qu’en lieu et place un banal h minuscule initial vraiment sans queue ni tête voudrait bassement suggérer.

   Ayant par la suite questionné ses lecteurs, entre autres Auvergnats, sur sa prétendue exagération de l’altitude du puy de Dôme, Vialatte dit s’être aussitôt entendu répondre, quasi d’une seule voix : « Nous ne cherchons pas à lire le dictionnaire Larousse. »
Il va sans dire que pour ce qui en est de la Haute-Provence, nous non plus !
Puis, goguenard, il conclut bien à sa façon par une adorable fanfaronnade, c’est le cas de le dire, tout à fait de son cru : « Quant à moi, je mourrai satisfait, ayant doté le pays de mes aïeux de la plus haute de ses montagnes. »

*

Haute-Provence ou haute Provence ? Comment l'écrivez-vous ?